samedi 25 mai 2013

Qui est partant pour une métaphore ?

Il arrive que, avec ou sans raisons, on s'imagine qu'on ne verra jamais un groupe en concert. C'était mon cas, de manière relativement cohérente concernant Pulp, ça l'était aussi concernant les Sparks, jusqu'à ce que j'apprenne leur date assez unique à Paris hier soir. Je ne crois pas t'avoir dit à quel point j'aimais les Sparks, réponse en 10 bonnes raisons :

1) Il sont étincelants ! (ça c'est pour me débarrasser de la blague d'entrée)



2) Ils montrent qu'on peut être frères et avoir un groupe qui dure, prenez ça Oasis, les Black Crowes, Tokio Hotel et les Hanson !


3) Ils ont su traverser toutes les époques, et même les années 80, toujours avec un temps d'avance et une ironie mordante : images :


4) Ils ont inventé le disco. Mais malheureusement tout ce qui s'est fait n'a pas été à la hauteur de N°1 Song In Heaven


5) Ron Mael a bien failli redonner ses lettres de noblesse à la moustache hitlerienne, et ils ont même écrit une chanson dessus :


6) Ils sont polyglottes, Russell s'exprime dans un français tout ce qu'il y a de plus correct et on entend fréquemment plusieurs langues sur leurs chansons, toujours pour le bon goût, comme sur Upstairs


7) Ils font des chansons extrêmement classes sur des gens connus : That's Not Nastassia, Excerpts from The Seduction of Ingmar Bergman, et puis Lighten Up Morrissey


8) Leurs chansons sur des inconnus se défendent aussi très bien d'ailleurs


9) Ils ont réalisé avec Propaganda le meilleur album-opener de tous les temps


10) On leur doit le meilleur moment de l télévision française (merci Guy Lux)


Et donc j'ai vu les Sparks vendredi, après une attente assez longue et inédite pour moi (là où tout le monde indique sur le billet une heure à la fois 30 minutes après l'ouverture des portes et une demi-heure avant le concert, la Maroquinerie te feinte en indiquant 30 minutes avant l'ouverture) dans une file d'attente pleine de profils différents : tous les âges et styles sont représentés. Avant même d'entrer, l'aspect trans-générationnel du groupe apparaît.

En découvrant la Maroquinerie, la première chose à laquelle on est confronté c'est la boutique où l'on entend presque ce genre de conversation (un bon point pour qui a la référence) : "Wah, 30€ le T-shirt, même les plus chers que j'ai vus ils étaient qu'à 25" "Et là, le Picture Disc à 40€ ! Imagine que quelqu'un en veuille vraiment".

Enfin bref, l'installation du groupe est celle de la tournée Two Hands, One Mouth" qu'on a pu entendre sur l'album live sorti récemment.
Et c'est peut-être ce qui est un peu dommage : toute la set-liste, à l’exception d'un Angst In My Pants, génialement méconnaissable est extraite du disque, et rejouée à l'identique, au commentaire entre les titres près.
Ceci dit, la virtuosité, que ça soit au clavier ou au chant convainc, et quand bien même, l'essentiel est ailleurs, c'est l'occasion de profiter du jeu de scène impressionnant de Ron Mael, qui joue au méchant depuis tellement longtemps que son sourire à la fin du concert laisse toujours un semblant de doute sur les possibles mauvaises intentions derrière ses regards noirs fixes. Sans qu'elle saute aux yeux d'entrée, on se rend bien compte que l'alchimie entre les deux frères est maximale : pour reprendre leurs bons mots : ils sont réellement deux mains et une bouche.

Et même si on s'y attend, on vibre sur The Rhythm Thief, on rit sur The Wedding of Jacqueline Kennedy to Russell Mael, on sautille sur Suburban Homeboy et on pleure sur When do I get to sing "My Way"?.

Et puis vient le rappel : ils nous annoncent un invité spécial, pas de grosse surprise étant donné qu'elle a été aperçue dans la salle : il s'agit de Catherine Ringer pour Singing in the Shower. Malheureusement on l'entend à peine, peut-être un micro réglé trop bas (Russell a demandé plusieurs fois à ce qu'on augmente le sien), peut-être une voix affaiblie par l'émotion (on croit apercevoir des larmes perler au coin de ses yeux).
La suite du rappel donne l'occasion au groupe qu'on peut avoir été précurseur et savoir rester dans la course : N°1 Song in Heaven et Beat the Clock sont gonflées aux hormones électroniques qui nous vaudront même des pas de danse de la part de Ron avant un Two Hands, One Mouth attendu mais parfait, puis un discours plein de franchise de Ron qui finit de nous convaincre que le groupe est véritable et à part.

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