On connait tous l'éternelle rengaine du difficile second album, qui doit dans le même temps réussir à rester dans l'esprit du premier, sous peine d'avoir comme critique "l'étincelle du premier album a été perdue", mais il faut aussi innover, sinon l'album sera consideré uniquement comme une "ressucée du premier", grande est donc la difficulté (on ne s'attardera pas sur le fait que les 2èmes albums sont avant tout critiqués par des nostalgiques qui préferaient quand ils étaient les seuls à connaitre le groupe et qui du coup se déchainent sur leurs 2ème albums).
Cependant, en 2008, il semblerait que les choses aient changé. Si on regarde les seconds albums sortis cette année, lesquels d'entre eux ont franchement déçu ?
Certains ont apporté un net changement par rapport à leur prédecesseur, comme Couples des Long Blondes, dont on était en droit d'attendre le pire après avoir entendu le groupe déclarer vouloir faire un second album plus électronique, le résultat est certe original, mais on ne peut pas dire qu'il soit en dessous du premier, tellement il en est différent. Il en va de même pour Who Killed Harry Houdini? de I'm From Barcelona, qui en s'éloignant du côté chorale a certe perdu l'aspect "youpi, tralala, si on faisait tous un calin géant" mais a gagné un album plus diversifié et plus profond. Et là encore, personne ne dira que c'était mieux avant.
Ensuite, que celui ou celle qui n'a jamais fredonné "One night of love ...", mais avec leur 2ème album 21 (logique non ?) les Mystery Jets ont sorti un des albums qui nous a agités tout l'été. Il en va de même pour Donkey des CSS, il est probable qu'à ce stade, certains s'offusquent, il est possible que je sois la seule personne à trouver insupportable leur premier album, il est probable que je sois aussi le seul qui ait pris pour habitude de dansonner (mélange de danser et de chantonner) sur Left Behind dans des aires d'autoroutes à pas d'heure sur des aires d'autoroutes polonaises ou autre, entre 2 arrêts de car (oui, parce que quand tu es assis à côté d'un polonais au physique d'ancien homme de main du KGB qui mange des sandwiches douteux, tu évites de trop te tortiller sur ton siège).
Passons à du moins évident : les Dirty Pretty Things ont eux aussi sorti un 2ème album cette année qui est certes décevant, mais par rapport à quoi ? par rapport à ce que l'on pensais pouvoir attendre d'un ancien Libertines, éventuellement par rapport aux quelques chansons qu'on avait entendues entre les 2 albums (comme les B-faces de Deadwood, qui m'avaient un temps redonné un peu d'espoir en ce groupe); mais au final, si on compare les 2 albums du groupe, on en arrive vite à cette conclusion : on a rien retenu de Waterloo To Anywhere, on retiendra Truth Begins sur Romance at Short Notice, progrès notable donc. Pour les Raconteurs c'est un peu pareil, on attend beaucoup de Jack White, mais au final, Consolers of the Lonely se retrouve rangé à côté de Broken Boy Soldier pendant qu'on réécouté un album des White Stripes.
Les Kooks ont sorti un 2ème album de pop facile, les Fratellis, un album pour remuer sa tête sans trop en utiliser le contenu, les Towers of London, un album dont on a rien à foutre, l'ordre est respecté : ces 2èmes albums ne décoivent pas puisqu'on en attendait pas grand chose.
Il y'a aussi plusieurs "faux deuxièmes albums", cas assez pratique, puisque selon les opinions, on pourra les considérer comme premier ou comme deuxième, pratique donc si vous n'êtes pas d'accord avec moi. On parlait de Carl Barât, mais il se trouve qu'un autre ex-Libertines a sorti un 2ème album bien loin d'être mauvais, et surtout forcément meilleur que le premier, étant donné qu'il s'agissait en réalité d'une compilation destinée au marché japonais. John Hassall et Yeti ont fait très fort en réussissant à caser sur le même album une chanson qui donne envie d'aller danser en pagne à Hawaii, une autre qui emmène les Last Shadow Puppet en excursion dans le désert du Mexique, et en osant reprendre une des premières chansons des Libertines, le tout avec intro, interlude et outro plus ou moins débiles (une reprise du passage le plus célebre de l'Empire contre attaque avec des voix ridicules par exemple, et ce après avoir réalisé probablement le seul clip comprenant une référence à Dune à l'intérieur); sinon dans la catégorie "pensez en ce que vous voulez, de toute façon leur premier album n'en est pas vraiment un" il y'a Tokyo Police Club et Eugene McGuinness aux sujets desquels je ne m'étendrais pas (j'en aurais bien envie pour Eugene, mais je ne suis pas satisfait du début de message que j'ai à son sujet).
Et en France alors, là où on se cache quand on commence à parler musique, on pourra quand même remarquer le très bon 2ème album de Neimo. Le raté des Hushpuppies, mais ceux là de toute façon, depuis qu'ils ont écrit et renié CPPDCC (hiarrr, comprenne qui pourra), on a plus rien à attendre d'eux. Et puis si un artiste français a fait de gros progrès avec son 2ème album, c'est Didier Super, qui tout en étant servi par une production léchée, digne des plus grands artistes américains, réussit à signer un album encore plus subversif que le premier. On pourra uniquement lui reprocher son aspect bordélique, que l'on attribuera à l'influence de Sandinista! des Clash pour le côté "je pioche dedans ce que je veux". Véritablement l'album de la maturité.
Enfin, on conclura avec les ponctués Los Campesinos! sur lequel on dira à peu près la même chose que pour I'm From Barcelona en ajoutant qu'ils méritent d'être cités parce qu'ils ont sorti 2 albums cette année; et on terminera par Why?, personnellement mon groupe de l'année, mais au sujet desquels je ne m'étendrais pas puisque ce message est d'ores et déjà long et chiant.
samedi 27 décembre 2008
vendredi 26 décembre 2008
Chemins de traverse
Les livres sur les discothèques idéales sont légion, et on a l'habitude d'y voir au pire toujours les mêmes albums, au mieux toujours les mêmes groupes, mais Rock, Pop, un itinéraire bis en 140 albums essentiels la discothèque "alternative" de Philippe Robert est beaucoup plus intéressante, comme ses semblables, on pourra bien évidemment critiquer certains choix. Mais on ne pourra que reconnaître leur astucieuse et rafraichissante originalité, mettre The Madcap Laugh de Syd Barrett plutôt que Darkside of the Moon (même si les albums n'ont rien à voir, il est vrai), Sandinista! plutôt que London Calling ou n'importe quel autre album des Clash... Ici, l'album punk, dont la place est systématiquement occupée par Nevermind The Bollocks, est plutôt Blank Generation de Richard Hell & The Voidoids et son équivalent féminin, habituellement Horses de Patti Smith est ici Cut des Slits. Et le meilleur pour la fin, Sergent Pepper et Pet Shop sont remplacés par Odessey & Oracle, l'album oublié par excellence et dont la beauté a beau être reconnue, on ne le voit jamais dans ce genre de classement, avec ce livre, justice est enfin faite. Cet album est la meilleure conclusion de cet ouvrage, puisque, autre originalité, il privilégie un classement alphabétique plutôt qu'un classement par date qui nous donne à chaque fois envie de nous pendre parce qu'il nous donne l'impression que tout est fini depuis les années 70, heureusement qu'à chaque fois ou se dit qu'on a encore la possibilité de payer au minimum 50€ pour voir les survivants des années 60-70 imiter les eux-mêmes de leur jeunesse pour qu'on puisse dire à leurs morts qu'on les a vus, et comme ça on pourra un peu rendre jalouses les nouvelles générations (bon, on omettra de dire qu'on s'est fait chier par contre). Cela dit, ordre alphabétique ou pas, on attendra quand même un instant avant d'aller accrocher la corde à linge, puisque cette discothèque est très bien fournie en album des années 2000, là où l'on trouve d'habitude 3-4 albums qu'on a mis là plus par principe qu'autre chose : la sainte trinité du retour du rock Strokes/White Stripes/Libertines et basta. C'est d'ailleurs cette raisonnable présence d'albums des années 2000 qui surprend quand on commence à feuilleter l'ouvrage : on l'ouvre, on regarde vite fait 3-4 albums, et là, on tombe sur Feels d'Animal Collective, futurs éternels oubliés de ce genre de classement, et on se dit que cette sélection là, elle a quelque chose de plus que les autres qui vaut le coût qu'on s'y intéresse.
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