vendredi 27 juillet 2012

If you fall asleep

Alors qu'à mes 48 reviews en retard, déjà tapées mais non mises en forme (i.e. encore plus chiantes à lire que l'article lambda de ce blog, et accessoirement je doute de l'intérêt de les publier maintenant) s'est ajouté le week-end dernier l'un des festivals les plus cools du monde (tu pourras trouver des photos ici et qui donnent une idée de la chose, et crois-moi, c'est pas parce que je tire la gueule sur la seule photo où l'on m'aperçoit, que j'ai pas kiffé la vibe).

En attendant je te refais le coup classique de l'article à clips, symptomatique d'une certaine flemme, et aussi du gros "il fait 3000°C dehors, au moins 2 fois plus dans le labo où je travaille, je dors pas la nuit et je me paie des Kopfschmerzen monstres" (se plaindre reste une solution sûre pour parer à toute remarque quand à la créativité de cet article).

Encore une fois, 3 clips au programme, parce que 2 c'est pas un "article à clips" et 4 c'est Youtube.

Pour commencer, le clip de 2012 (même si on est en juillet et qu'il est à la lutte avec Simple Song des Shins) : True Trush de Dan Deacon, le concept est simple : diffuser une saynète d'une dizaine de secondes à une équipe qui devra la reproduire en une heure et une prise, cette prise sera alors diffusée à l'équipe suivante et ainsi de suite. 
Outre les défauts de mémoire, les accidents de tournage et les tics des acteurs se voient systématiquement répétés et amplifiés, jusqu'à ce qu'une autre erreur corrige la première ou l'emmène encore ailleurs, tout ça pour se finir dans le chaos le plus total avec les derniers duos qui préfèrent batifoler dans la montagne de papiers issus des précédents tournages que s'occuper de la fidélité à la scène originale, qu'ils savent de toute façon totalement transformée. Au final la fidélité de la reproduction a peu d'importances, ce sont les idées et les papiers qui s’amassent qui conduisent à quelque-chose de nouveau et bien plus excitant.



L'important, dans les articles à clips, c'est les transitions, on va donc rester à Baltimore avec (ta-dah !) Animal Collective (cette transition a été inspirée par l'article de Punk Ryden sur True Trush, rendons à César ...). Alors comme tu le sais sûrement si tu suis un peu l'actualité ou encore si tu fais partie des tarés de Collected Animals. Le collectif a un album prévu pour début septembre et vient d'annoncer une série de "transmissions" les dimanche soir (ou nuit ici avec le décalage horaire) jusqu'au 19 aout, qui permettront peut-être d'entendre des extraits de ce Centipede Hz (ou alors des bruits désagréables, on peut s'attendre à tout). 
Pour patienter ils ont sorti il y a maintenant quelques mois un single compilant 2 titres familiers pour ceux qui ont écouté avec attention d'autres titres que Summertime Clothes ou Brother Sport lors des concerts du groupe l'an dernier.
Honeycomb est le morceau typique qui dit "on revient et on envoie du bouzin", pas tellement surprenant au niveau du son et de la structure de la chanson, mais une énergie live qui nous traverse : on ferme les yeux et on voit la lampe frontale de Geologist s'agiter.
Gotham est le morceau typique du travail d'Animal Collective sur les face B. Exercice qu'ils pratiquent assez sporadiquement puisque leur dernier single avec un inédit en B était Peacebone en 2007. De la même façon qu'avec Safer, on a une version plus dilatée de la face A, avec une piste qui se laisse plus le temps, à l'image de cette tension qui retombe doucement après le "refrain".
Pas (encore ?) de clip officiel, donc de l'amateur à la place : l'inspiration du clip de My Girls est un peu trop évidente, il est néanmoins sympathique et colle bien à la chanson et au thème de l'album (et puis c'était ça ou un gosse obèse qui joue avec un ballon de façon lubrique, alors estimes-toi heureux).



Et puis pour une transition foireuse de plus, une autre artiste qui n'a rien sorti non plus à part un projet visuel depuis 2009 : j'ai nommée Natasha Khan, j'ai déjà dit tout le bien que je pensais d'elle, mais il faut quand même avouer qu'avec pour seul nouveau titre depuis 2009 un duo avec Beck pour la BO de Twilight. Là elle permet aux fans hardcore de continuer à jouer au fameux "ton gosse va naître ? mets tes titres de Bat for Lashes en shuffle et donne lui le premier nom qui tombe". Rien de vraiment nouveau, mais une belle chanson accompagnée d'un beau clip avec une belle Natasha dedans, c'est l'essentiel non ?

dimanche 15 juillet 2012

Pas des chaussettes entre les deux oreilles

J'ai déjà eu l'occasion de te parler de Disiz, jamais encore avec un article entier, je comble donc ce manque avec celui d'aujourd'hui qui traitera de son dernier EP : Lucide, sorti fin mars, mais que j'avais loupé jusque là (en même temps c'est pas le genre de disque qui leake sur nodata, donc c'est plus dur à suivre).

Au programme, un retour aux sources avec à nouveau du rap. D'entrée, la reprise des vocalises de l'intro de J'pète les plombs nous cueille, comme une manière de montrer que si il est plus aujourd'hui un apatride musical, il fait tout de même partie de la "scène" rap française depuis une quinzaine d'année, et peu de rappeurs actifs à ses débuts peuvent se targuer de produire aujourd'hui une musique d'aussi bonne qualité.

Pourtant on était en droit de se dire que c'était pas gagné, comme il le dit dans Un frigo, un cœur et des couilles (et l'explicite dans cette interview), l'échec commercial du projet Peter Punk est une des raisons de ce retour au rap ; comme tout retour pour des raisons pécuniaires, des inquiétudes pouvaient pointer sur la qualité. 

Ici, que nenni.

En filigrane, on voit d'ailleurs facilement  que les motivations de son retour résident ailleurs : dans une France où Marine Le Pen fait 18% et où l'intolérance est devenu banale (voir les "messages d'amour qui feraient passer Hitler pour bisounours" lâchés sur des forum, yahoo au hasard, évoqués dans La Haine), il est effarant de voir qu'il n'y a plus à proprement parler ni de scène ne de public rap français : entre ceux concentrés sur un revival payant auprès d'un public qui ne s'intéresse pas/plus au message, les paroliers du "rap conscient" (appellation d'ailleurs rejetée Dans Un frigo ...) qui prêchent pour un petit cercle de convertis et ceux qui malgré la crise continuent à faire du bling-bling (Toussa Toussa cible assez clairement Booba). Pour résumer, l'enjeu de ce retour est exprimé dans Moïse avec le "je reprend ma place", d'ailleurs encore plus mis en valeur dans le clip, au cas où la version sans image ne nous aurait pas suffi. L'objectif est ici est d'éviter que l'avenir qu'il annonce à la France dans René, roman d'anticipation d'une France gouvernée par Marine Le Pen depuis 2017, ne devienne réalité.


Au programme donc 6 titres qui couvrent des thématiques assez larges et 2 featurings moins convaincants. Le tout avec une production et un flow toujours ultra-carrés, mais surtout une richesse musicale encore plus importante permise par la "pause" Peter Punk, que ce soit le final instrumental "fondu" de Moïse, le riff et les transitions couplet/refrains de Mon Amour ou la main de velours dans un gant de fer de J'ai la haine.
Du point de vue des textes, j'ai beau ne pas spécialement aimer m'étendre dessus mais il faut en souligner la finesse et la justesse, l'idéalisme à la naïveté assumée mais salvatrice, l'importance des questions soulevées, mais toujours cette ironie qu'on appréciera particulièrement sur Bête de bombe 5 ("Ma mère elle fait les meilleurs gâteaux du monde", ou comment s'imposer dans le rap game avant ses 10 ans).

Au fond, c'est cette ironie, qui nous permet de garder la tête froide malgré tout le poids que peut avoir le message. Nous aussi on reste Lucides.

vendredi 6 juillet 2012

I Know It's Over

Voilà, ça va faire un sérieux moment que je n'ai pas écrit, j'en suis à au moins 4 débuts d'articles de retour sur lesquels je dépasse rarement le paragraphe, alors on va emmerder les explications et les tentatives de rattrapage de ce qui s'est passé ces quelques derniers mois, ça viendra peut-être à un autre moment.

Comme il y a maintenant 3 ans, je suis revenu te parler des ExLovers, j'avais été très évasif à l'époque parce qu'il n'y avait pas grand chose à dire. Aujourd'hui non plus il n'y a pas grand chose à dire, mais on va quand même essayer de déchiffrer ensemble quel avenir attend les ExLovers ?

Alors l'article remonte à 2009, soit leurs premiers concerts en France avec Peter, Bjorn & John dans le cadre du Inrocks Indie Club, ils n'ont alors qu'un EP, pas trop mal dans son époque, mais déjà un peu en retard, puisqu'on l'aurait aussi bien imaginé quelques années plus tôt en pleine folie du "retour du rock". Autant dire une chose, à ce moment là, la scène ça semblait pas tellement leur truc, ils avaient l'air tellement peu à l'aise qu'on était embarrassé pour eux. 
Qu'est-ce que l'on pouvait attendre alors pour leur avenir ? Probablement un album assez passable en 2010 et un oubli progressif, comme pour environ 75% des groupes soutenus par les Inrocks (et par la plupart des magazines d'ailleurs).

quand même quand tu tourne un clip tu oses à peine regarder autre chose que tes pieds, c'est que ça va mal

Oui mais voilà, ils ont préféré disparaître de la circulation, ressortir un single efficace en 2011 et ce premier album, Moth, avec une fille à poil en guise de pochette en 2012.
Pour leurs clips, ils sont passés à des images d'archives chiantes :


Et sur scène il faut croire qu'ils se sont améliorés même si trouver une vidéo de concert pour se faire sa propre idée relève du jeu de piste, on peut quand même trouver une vidéo studio où les attitudes du groupe sont relativement proches de celles du concert que j'évoquais, ils ont changé de coiffures et ont plus de tatouages par contre.



Bon, on peut voir le truc venir assez facilement "Ok, leur album aurait pu sortir en 2005, ils ne sont pas spécialement doués sur scène et leur musique manque cruellement de profondeur, ils sont foutus", sauf que ça ne peut tout de même pas être seulement un hasard si, même en se disant que le concert ne nous avait pas convaincus, on a écouté l'EP You Forget So Easily en 2009, si en se disant que l'EP ne nous avait pas transcendé on a quand même prêté une oreille à Blowing Kisses en 2011 et si en se disant que dans le domaine de la pop à guitare ils ne sont même pas les meilleurs, on a quand même écouté cet album. ExLovers seraient un peu la Tortue (pas Christophe Willem, la Tortue de La Fontaine) et progresseraient plus lentement dans nos cœurs que d'autres, mais pourraient finir par arriver à leurs fins
À une époque où le public s'insurge devant l'artificialité de Lana Del Rey et consorts, ExLovers pourraient être le naturel qui revient au petit trot et qui pourrait s'imposer contre toute attente et logique.


Ou sinon peut-être que dans 2 mois on en entendra plus jamais parler.

lundi 23 janvier 2012

I Fought In A War



Avant un vrai retour aux affaires que j'ai déjà plus ou moins rédigé, un article plus "rapide".

Bon en fait ces derniers temps j'ai connu à la suite des problèmes avec internet et des problèmes avec mon ordinateur (j'ai notamment perdu le plus gros de mes dizaines de Go de musique soigneusement rassemblés ces dernières années) qui m'ont maintenu éloigné de tout ce qui a trait au bloguesque. Et puis je dois avouer que même avant ces problèmes il n'y avait pas grand chose qui me bottait suffisamment pour me donner envie d'écrire dessus.

Ça m'a amené pas mal à réfléchir sur le bombardement de nouveautés qu'on s'inflige, et il se trouve qu'avec les événements actuels tout le monde tend à avoir les mêmes problèmes que moi vu qu'un certain nombres d'hébergeurs de direct download sont menacés.
Au fond est-ce qu'en voulant coller autant à la nouveauté on ne passe pas à côté de tout ?
Je me suis mis à sérieusement suivre tout ce qui est leak depuis environ 2009, je ne saurais dire combien de disques j'ai écoutés sur cette période (et je ne peux pas essayer de les compter, vu l'état de mon disque dur). Mais si sur tous ces disques, il y en avait un sur quatre que j'ai retenu, ça serait déjà beaucoup. Et les trois autres qui ne me reviennent pas, est-ce qu'ils sont moins bons ? Pas forcément, pour preuve en récupérant ce que je pouvais des fichiers de mon disque dur, un bon nombre de chansons sont sorties juste avec un numéro ne permettant aucune identification, et sur celles-ci il y en a plusieurs que j'ai vraiment aimé sans être capable de me souvenir de les avoir déjà écouté, alors que c'est forcément le cas, puisque je ne dézippe pas les disques avant de les écouter.
En gros j'écoute un maximum de disques pour être sur de ne pas louper le meilleur, sauf qu'au final je ne profite pas vraiment de ce que j'écoute, et en plus, j'arrive quand même à passer à côté de disques qui me plaisent. Et encore de ce point de vue là je m'estime plutôt chanceux puisque je me tiens relativement éloigné des blogs et que du coup je n'écoute pas le dixième de ce qu'ils proposent.



Je ne dis pas que je suis pour les fermetures des sites de direct download. Je suis de toute façon très attaché à la manière de faire les choses (déjà quand j'étais lycéen j'avais manifesté contre le CPE sans avoir lu le texte, juste parce que l'utilisation de l'article 49.3 me dérangeait sur le principe). Mais on pourrait aussi y voir la chance de faire plus attention aux choses; et j'ai appliqué mon discours à la musique mais je pense que ça peut aussi s'appliquer aux séries. J'ai beau ne pas en regarder, je me rappelle qu'à une époque, on regardait juste Pokémon et le cliffhanger de l'épisode à Cramois'île (celui ou Pikachu était accroché au bord d'un rocher, près à tomber dans la lave), ça suffisait à nous tenir en haleine pendant un moment, alors qu'aujourd'hui on ressent le besoin de suivre 15 séries en même temps pour avoir sa dose, et la manière dont on les regarde fait qu'on pourrait lire le script seulement pour savoir ce qu'il se passe, que ça serait suffisant.

En gros, j'ai beau être totalement contre les suppressions arbitraires des sites d'hébergement, je ne peux m'empêcher d'y voir un mal pour un bien tant la facilité d'accès aux contenus nous conduisait à notre abrutissement, il existera toujours des sites pour télécharger, on aura juste plus de mal à trouver ce qu'on veut, ce qui fait qu'on ne cherchera plus que ce qu'on veut vraiment.



Et j'en arrive là où je voulais (de toute façon ma mauvaise foi m'amène toujours à parler de ce que je veux avec des liens capillotractés) puisqu'avec cette offre de téléchargement restreinte que je me suis à moitié imposé (à un moment j'envisageais de ne pas écouter un seul nouveau disque cette année justement pour re-prêter attention à tous ces disques loupés quelque part dans mon disque dur, et puis je me suis souvenu qu'Animal Collective avaient un disque de prévu en 2012), je me retrouve à devoir écouter plus attentivement les nouveaux disques, surtout que je ne peux pas actuellement les écouter avec mon propre ordinateur. Les claques sont d'autant plus grandes.

Je viens d'écouter le dernier Xiu Xiu et le disque est vraiment impressionnant : au niveau de la production, c'est digne du dernier Coldplay : des sons accrocheurs, une densité enveloppante, des détails mais pas de superflu. Comme on dit par chez moi, c'est fat. Mais le talent de Jamie Stewart, c'est de réussir à court-circuiter violemment là chose, comme il le fait sur sa reprise de Rihanna que j'avais déjà évoquée.
Avec Hi, on entend un tube radiophonique saupoudré de suffisamment de paranoïa pour n'avoir aucune chance de passer un joue en radio, même si il est composé de la manière la plus putassière possible. La paranoïa c'est ce qui vient à l'esprit sur à peu près tout l'album, comme d'habitude avec Xiu Xiu : on se sent dérangés alors qu'en écoutant bien l'album, on se dit qu'il n'y a aucune raison rationnelle à ça. Et vu qu'on cherche généralement à critiquer la musique sur ce qu'on arrive à rationaliser, on est à peu près certain de se casser les dents avec un disque de Xiu Xiu, et ça Jamie Stewart semble l'avoir compris donc fait tout pour nous désarçonner encore plus. Enchainer une chanson une chanson toute douce en duo féminin-masculin parlant d'allaitement avec un titre abrupt au possible intitulé I Luv Abortion, si ce n'est pas dire à l'auditeur qu'il ne va pas s'en sortir si facilement que ça ...

Écouter Xiu Xiu en 2012, c'est se poser contre l'absurdité de la facilité qui a fini par nous sembler normale.

dimanche 25 septembre 2011

Back to school



Cet article est un article de reprise, il aurait du paraitre il y a une semaine mais mes problèmes avec les fournisseurs internet m'en ont empêché. Ça devait être une sorte d'échauffement avant la reprise des concerts, qui commençait par un match amical jeudi dernier avant la première rencontre de la saison ce lundi, l'idée étant de réussir à être plus lisible que dans mon article sur la route du rock.

Pas vraiment de sujet, assez peu de contenu, mais au point de départ une actualité qui elle aussi commence à dater : la mort de DJ Medhi, honnêtement, j'en ai rien à carer des ses dernières production électro et je ne vais pas non plus écrire une nécrologie, je laisse ça à d'autres blogs, à MC Solaar et à Frédéric Mitterand.
Je vais juste parler de mon expérience avec le travail du monsieur, qui remonte à environ 10 ans et a refait surface avec le premier album du 113, qui fait partie de ma liste de disques que je regrette toujours d'avoir revendu pour des cacahuètes sur ebay.
Je me suis toujours plus ou moins demandé ce qui me plaisait dans le rap sans jamais réussir à trouver de réponse. Est-ce que c'était de l'esprit de contradiction ? est-ce que c'était parce qu'il s'agissait de la seule musique récente accessible à l'époque ou est-ce que c'était par véritable goût ?

Une chose est sure, une chanson comme Les Princes de la Ville sur l'album auto-intitulé me faisait fortement douter : tout le monde présentait le rap comme un style musical intéressant uniquement pour le texte, et je tenais une chanson dont la partie instrumentale m'accrochait bien plus, j'avais l'impression de n'avoir rien compris, mais aujourd'hui je me rend compte qu'à l'époque j'étais déjà dans le vrai.



Ce qui est fort c'est qu'au final l'actualité prolonge mes pensées du moment sur la musique : y en a ras-le-cul du garage, du lo-fi et des albums mal produits. RENDONS LE POUVOIR SUR LES DISQUES AUX PRODUCTEURS ! Il suffit d'écouter le dernier Dum Dum Girls à la suite du premier pour se rendre compte que le son "honnête" c'est de la daube, que l'honnêteté c'est d'enregistrer correctement son disque pour filer au public un quelque-chose qui lui fait des trucs, et pas un quelconque album abrupt.
À ce niveau là, je rejoins totalement le point de vue de Gonzales, qui est l'un des plus grands génies musicaux actuels, cumulant virtuosité instrumentale (je ne me suis toujours pas remis de son concert Solo Piano d'il y a 5 ans), érudition impressionnante et sens de la production hyper-pointu. Son dernier opus, The Unspeakable est un de mes disques de l'année : il y rappe comme un professeur, à des lieues des concours de vitesse pale kid rapping, mais là encore, le texte est secondaire, même si son ironie est hilarante; le disque se distingue particulièrement par ses instrumentaux ultra-pompeux mais pleinement assumés et surtout qui sonnent justes. Même si il n'aura pas l'exposition médiatique nécessaire pour faire des émules, The Unspeakable met une énorme claque au rap actuel, à l'image de ce "Party In My Mind", réponse déviante au mantra "I Got A Feeling" des Black Eyed Peas.

vendredi 19 août 2011

YOU WANNA GO HOME !

les festivals c'est la merde, t'as l'air con et t'écris de mauvais articles, preuves à suivre

Le gros problème quand tu écris une revue de concert, c'est que dès que tu te mets à parler de ce qu'il y a à côté, tu tombes très rapidement dans le racontage de vie.

L'énorme problème quand tu écris une revue de festival, c'est qu'il est impossible d'y donner du sens sans parler de ce qui s'y passe à côté.

Du coup je n'avais encore jamais réussi à écrire sur des festivals ici, même si ça s'explique par le fait que mon seul festival depuis l'ouverture de ce blog, c'était Sziget, là où tu ne vas pas pour la musique sous peine de t'emmerder (et c'est l'expérience qui parle), donc je n'avais pas pu dire les vagues d'amour intense que j'avais ressenties pendant que Calexico avait repris Alone Again Or. La déception quand j'avais vu que Maxïmo Park c'était devenu nul à chier, même en concert. Le côté terriblement amusant à faire le cas social en emmerdant les gens autour pendant Offspring ou Placebo. Ou encore à quel point j'avais été impressionné par la classe de Nicky Wire.

L'objectif de cet article est donc de mettre fin au blocage festivalier, je risque d'y raconter ma vie plus que nécessaire, passe donc ton chemin si ça ne t'intéresse pas, cela dit, si tu lis encore ce blog, c'est que ça ne dois pas t'emmerder complétement, ou bien que les bouts de musique entre les morceaux de vie pathétiques trouvent grâce à tes yeux.


Dans un premier temps, je dois expliquer à quel point la route jusqu'à Saint-Malo a été longue. Je ne pouvais pas faire le vendredi soir à cause du travail, c'est une chose, sauf que ne pas encore avoir reçu ma place le dit-vendredi soir, c'en est une autre que je n'avais pas réellement prévue. Fort heureusement, en écoutant suffisamment peu le gardien de mon ex-résidence, je suis parvenu à le récupérer à La Poste. Et là, arrive le sens même de l'article. Tu t'imagines bien qu'alors que je venais juste de récupérer ma place alors que j’étais au désespoir, tout autour de moi me paraissait beau. Il te semblera donc logique, que j'étais alors prêt à aimer n'importe quelle chanson que la radio passerait en montant dans ma voiture. Les probabilités faisant, le risque de devenir fan de Stromae était extrêmement élevé, et tout scientifique que je suis, l'émotion m'avait totalement empêché de le prendre en compte. Du coup, c'est sans aucun frisson, que j'ai mis le contact ...



... et là je suis devenu fan de Pulp.



Parce que si tu suis un peu, le titre de l'article c'est Do You Remember The First Time ? Donc tu t'attendais à ça depuis 3 paragraphes environ, enfin bon, je n'ai jamais dit non plus que j'étais quelqu'un de surprenant hein.


Bon, les choses s'enchaînent, je ne dors quasiment pas de la nuit du vendredi au samedi parce qu'il fallait que je range suffisamment mon appart pour être sur que mon ex-gardien soit mon ex-gardien (et accessoirement pour déménager dans 2 fois plus grand et mieux placé, sans payer plus cher), je loupe mon train parce que j'ai un sac moisi qui s'avère une galère pas possible à déplacer, surtout alourdi par une dizaine de litres de vin acquis à des tarifs compétitifs.




Et là j'arrive à Saint-Malo (tu remarqueras l'art de l'ellipse, qui t'évite 8h de voyage que je vais te raconter quand même entre parenthèse, elles incluent un gosse sadique, qui veut ta mort et te le montre en jetant régulièrement des gâteaux ou son doudou sur toi, s'arrange pour te mettre des claques sur les genoux dès qu'il en a l'occasion, et surtout, te montre à quel point il est vicieux, quand il te fixe droit dans les yeux tout en désignant son biberon (je n'expliquerai pas comment c'est possible, ce gosse était taré, c'est tout), avant de le lever d'un coup sec pour l'envoyer droit dans l’œil de son père, avec un regard entendu "un jour, tu subiras le même sort", glaçant; elles incluent aussi un voyage en wagon-bar pour cause de train complet, aux côtés d'un serveur mateur et dragueur, assez fatiguant à la longue, et encore, je suis même pas une fille; elles incluent enfin 50 minutes de TER jusqu'à Saint-Malo, seul moment où je tente un peu de dormir, assez vainement, parce que le TER ça s'arrête tout le temps, et qu'en plus je ne peux pas m'empêcher de me demander comment ça se fait que l'article de Magic sur Wu Lyf que lit la fille devant moi puisse faire autant de pages), je sors de la gare, et là, bonheur intense, un léger crachin me frappe le visage.

À ce moment là de l'article, je me dois de préciser qu'après avoir passé 20 ans de ma vie à Nantes, j'ai acquis un certain goût pour la pluie : ça adoucît les températures : si il faisait trop froid, il fait plus chaud, si il faisait trop chaud, il fait plus froid; ma principale inquiétude en partant à Montpellier était d'ailleurs "Vais-je résister au manque de pluie ?" avant même "Mais y a des concerts à Montpellier à part les 2 ou 3 supers chers que j'ai vus sur internet ?" (seconde inquiétude soulevée assez vite d'ailleurs). Donc quand je parle de bonheur, c'est véritable : à mon dernier retour à Nantes, il n'avait pas plu, ma dernière expérience avec une pluie légère remontait au moins à Mars, d'un seul coup, je me suis donc senti chez moi.

Ouais, sauf que pendant ce temps là, mon incapacité à trouver les navettes de festival a encore frappé, j'ai fini par monter dans un bus juste avant qu'il parte, n'ai même pas pu mettre mon sac dans la soute et ait donc fait mon cas-social en empêchant tous les gens de passer avec un sac énorme.

Et là on est dimanche un peu avant 21h45 (tu remarqueras là encore l'ellipse parenthésée, qui inclut un retrouvage de gens parmi lesquels je ne connais qu'un quart des personnes, auxquels je ne comprend rien aux conversations quand je ne discute pas avec le dit-quart, avec qui on parle musique, sauf que là ce sont les trois autres quarts qui ne nous comprennent pas; une fouille au corps ratée par un vigile qui me laisse rentrer avec un cubi sous le T-shirt qu'il a pourtant tâté; un concert de Still Corners raté parce qu'attendre des gens c'est une chose, attendre des gens qui sont déjà à l'intérieur ça en est une autre; un bonheur intense encore sur Low, parce qu'un concert sous une pluie encore agréable, avec un verre de vin dans la main et pas mal derrière la cravate; un moment de "mince, j'aurais mieux fait de ne pas oublier mon ciré à Montpellier" pendant Cults; un moment de "je peux plus tenir, j'ai dormi une heure dans la nuit et je suis détrempé, je suis dégouté mais je vais dormir" avant Blonde Redhead; un moment de "pourquôôôaaa ?" alors que je rentre, loupant juste Blonde Redhead, les Kills et Battles; un questionnement intense quand tu es dans ta tente, avec un pantalon plus qu'humide, sans rechange, avec une énorme envie de pisser et que tu sais qu'à un moment tu vas devoir sortir, et que pour ça il va falloir enfiler la serpillère; la meilleure conversation entendue du festival "putain y a trop de hipsters" "chuis pas un hipster" "attends, t'as un legging vert" *pas de souvenirs mais ça se termine par* "en attendant chuis pas un beauf" "et nous on est pas pédés" qui te fait rire tout seul dans ta tente; une confiance énorme accordée au karma, quand tu laisses les autres aller acheter bottes et cirés à Saint-Malo mais préfère attendre que ton pantalon sèche, t’apprêtant à nouveau à n'affronter la pluie avec rien d'autre qu'un pull; un bref épisode de "la vie d'une stagiaire accréditation à la Route du Rock"; un autre de "back to la navette"; un moment où tu te rends compte que connaître qu'une seule plage à Saint-Malo (mais avoir des trucs sympas à raconter dessus) ne va pas t'aider à trouver celle où joue François & The Atlas Mountain, heureusement vite suivi d'un autre où tu te rends compte que quand même, tu sais lire un plan et c'est pas dur à trouver; François & The Atlas Mountain qui chante "je suis de l'eau" alors que tu as les pieds dans l'eau (ce qui ne leur enlève pas la couleur noir qu'ils ont prise de manière inexpliquée, probablement la décoloration des chaussures); le quart connu qui passe le reste de l'après-midi à chanter "je suis de l'eau je suis de l'eau" pendant que tu réponds avec Heart of Love de Crocodiles, ou encore White Winter Hymnal de Fleet Foxes, seule chanson dont tu connais un bout de parole (à savoir "I was following the I was following the I was ...") et que tu chanteras en boucle tout l'après-midi; un retour au camping qui inclue un loupage de Here We Go Magic, parce que 19h15 c'est un horaire triste pour commencer les concerts : tu veux manger avant, tant qu'à faire ça t'épargne la bouffe de festival au faible rapport qualité-prix qui pèse sérieusement sur le ventre, mais du coup, le repapéro s'attarde et tu arrives c'est commencé, et tu te dis que les Okkervil River ils ont des têtes qui vont pas avec leur musique), en attendant Cat's Eyes, sans trop savoir si Faris sera là puisque l'épisode de "la vie d'une stagiaire accréditation à la Route du Rock" nous a appris qu'il aurait tout juste 4 heures pour faire Paris - Saint-Malo, que retentit dans la sono de la scène ? Je te le donne en mille, c'est encore Do You Remember The First Time ? qui marque un peu le début du festival pour moi, puisque juste après débarquent Cat's Eyes au complet, même si absence de balances oblige, on n'entend d'abord ni Faris Badwan ni Rachel Zeffira.


si tu vois où je veux en venir avec ce montage moisi, alors ton sens de l'humour est aussi mauvais que le mien

Le concert est assez intéressant parce qu'il inverse la tendance de l'album du point de vue des voix, on entend surtout Faris, beaucoup moins Rachel, après, à savoir si c'est pour des raisons d'endurance ou de présence scénique, difficile de le dire, mais il est clair que vu le charisme de Faris, le concert tournerait à la farce si on l'entendait juste chanter derrière de temps en temps alors que sur scène on ne voit que lui.
Autre point intéressant, ce n'est définitivement pas le même qu'avec les Horrors (bon, les choses ont peut être bien changées aussi avec les Horrors) : il est totalement apaisé, pas de gestes de violence envers le public (le premier rang de l'Olympic doit encore se souvenir de son coup de savate) et comble : IL REMERCIE LE PUBLIC ! Peut être enfin la satisfaction d'avoir un public qui l'attend pour ses chansons, plutôt que pour l'ex-image gotho-punko-blague des Horrors.
En tout cas, ce concert soulève un regret de plus à louper Rock en Seine : pas possible de voir comment il arrive à passer d'un visage à l'autre tout en restant cohérent.

Après un aller-retour des toilettes à la scène, qui permettra de converser avec un fan des Horrors sur le sens de la musique, et sur ce que l'on retiendra de ce que l'on vit aujourd'hui (j'étais un peu ivre, j'ai vite amené la discussion sur Animal Collective), je me replace pour Fleet Foxes, prêt à chanter mon unique ligne de textes à chaque chanson. Le concert est une réussite, on retrouve les harmonies magnifiques des albums, mais le groupe a su adapter le son au festival, pour éviter de voir son concert dévoré dans nos souvenirs par la puissance de Cat's Eyes ou Crocodiles qui viennent ensuite. Et c'est réussi, la nuit tout juste tombée, on passe l'un des meilleurs moments du festival, même si l'on est pas autant sur un nuage qu'on pourrait l'être en voyant le groupe dans une salle avec un son plus fin.

Puis arrivent les Crocodiles, chose amusante : leur horaire programmé est plus long que la durée de leur concert en tête d'affiche à Montpellier. En passant après Fleet Foxes, le groupe a le défaut d'avoir une musique plus pauvre instrumentalement, ceux qui caricaturent le shoe-gaze diraient "impossible de différencier les chansons en concert", sans tomber dans cet extrême, ils jouent la carte du gros son à fond, pour résumer les choses simplement "ça envoie". Et puis ils ne se limitent pas à Sleep Forever, ce qui est plutôt bien, malgré ma connaissance limitée de Summer of Hate, il m'a semblé distinguer plusieurs nouveautés (même si comme qui dirait tout se ressemble).

Là, vient le moment totalement étrange du festival : Dan Deacon, j'avais vu quelques vidéos du type, mais je ne m'attendais pas du tout à ce que ça donne ça. Alors que pendant tout le festival, à l'image de la querelle du dimanche matin rapportée dans ma 2ème parenthèse elliptique, on avait une certaine opposition entre les "festivaliers lambda" qui sont là pour boire et sauter partout, peu importe la musique, et les "hipsters" qui comptent bien rester exigeants et élégants en toute situation (je caricature à peine), c'est comme si d'un seul coup tout était oublié pour justement s'oublier sur ce concert, devant la minuscule scène de la tour, on tient la plus grosse ambiance depuis le début : c'est un bordel monstre.
Et puis du coup Dan Deacon s'improvise gourou, nous lançant dans un rituel consistant à fermer les yeux et poser les mains sur les têtes de ses voisins et libérer totalement ses pensées : unique.



Et puis vient Mondkopf, j'ai écouté de loin, y a eu un moment drôle où il a fait le truc du "je coupe le son" cher à Philippe Katerine, mais à part ça, l'électro pure et dure ça reste pas mon truc.

Finalement je n'aurais fait véritablement qu'un seul jour à la Route du Rock cette année, mais le plus important, c'est que j'ai réussi à vaincre la malédiction qui m’empêche d'assister au festival depuis 2007 à chaque fois pour des raisons variées, et que dans le même temps, j'ai aussi vaincu le piège de l'article de festival en me jetant droit dedans et en pondant un de mes articles peut-être les plus illisibles à ce jour.

Et puis aussi je suis devenu fan de Pulp grâce aux circonstances du festival (même si les gens sympas qui m'ont ramené à Nantes alors que j'essuyais des refus depuis une heure n'écoutaient pas Pulp, ça aurait été un peu trop en même temps, j'ai du me contenter de Foals et des Walkmen, ce qui est déjà bien, et a évité que je me soulage sur leurs sièges de joie), et je dois avouer que ça m'arrange plutôt bien, parce que non seulement j'ai déjà tous les albums, au moins sur mon ordinateur (ce qui est bien pour les écouter, vu que je n'ai pas trop internet en ce moment, déménagement oblige), que je les ai déjà pas mal écoutés, ce qui fait que les fans pédants ne pourront pas se foutre de ma gueule parce que je connais pas tout, et comme j'ai déjà vu le groupe en concert, je ne regretterais jamais de les avoir loupés parce que je les connaissais pas. Et en plus j'ai déjà This Is Hardcore en vinyle, ça m'évite d'avoir à chercher mon album préféré chez les disquaires : je l'ai déjà.
Ça peut sembler évident comme ça, mais si j'étais devenu fan de Muse ou Tryo par accident les choses auraient été bien plus compliquées.

Moralité, je vais conclure cet article en reparlant de Sziget, puisque pour le mot de la fin, je mettrais celui, hautement philosophique que Lily Allen nous avait fait partager ce soir là :

" When you love it's better to know each other *rire alcoolisé* "

Merci Lily !



dimanche 31 juillet 2011

L'été ne passera pas.



Il y a des tonnes de bonnes raisons d'...

Non, je vais arrêter un peu avec cette série d'article qui aurait du n'être qu'un seul article, mais comme je fais rarement ce que je prévois ici, j'en ai fait cinq, ça permettait de continuer à publier en période de [foirage de] partiels (non parce qu'écouter des chansons qui parlent de l'Amylase ne permet pas d'avoir des notes à deux chiffres en biochimie, contrairement à ce que l'on eut pu penser), et donc de ne pas faire de coupure dans la parution.

OK, dur.

Enfin, je reviens avec une inspiration tout ce qu'il y a de plus estivale pour publier une compilation comme pour le premier trimestre, mais pour le deuxième, oui parce que du coup, j'avais voulu mettre du The Gift et du Cass McCombs sur ce blog sans avoir le courage d'écrire un article entier (non mais de toute façon je vais pas écrire un article entier sur un groupe portugais, faut arrêter avec les pays à la con, déjà qu'on en fait beaucoup trop avec la Nouvelle-Zélande ces derniers temps), ce qui fait que maintenant, ma bonne foi légendaire et ma volonté de maintenir une cohérence ici m’empêchent de publier un article qui ne contienne pas une compilation secundo-trimestrielle.

Je pourrais te faire un truc idéal pour aller à la plage avec, ça serait sympa, sauf qu'en fait l'été c'est quand même daubesque comme saison, une fois qu'on s'est habitué aux lunettes de soleil, on se rend compte qu'en fait on est vachement limité au niveau vêtements (même si c'est l'occasion de sortir ses T-shirts de groupes); et puis surtout il y a cette abomination que sont les festivals de l'été, où on tente de se convaincre qu'on y va pour la musique, mais au final on occupe la moitié de notre journée à endormir toutes considérations musicales avec de l'alcool (ou autre), pour au final terminer devant des concerts qu'on trouvera bons, jusqu'à ce que l'on revoit le même groupe net et qu'on se rende compte qu'on avait vraiment trop bu la dernière fois.
Sauf que le pire, c'est que si on ne fait pas de festivals, on ne peut pas s'empêcher de se sentir coupable (pour preuve, je risque de terminer à La Route du Rock alors que je suis en stage environ 1000km plus au sud).

Dans ces titres, tu l'auras compris, tu ne trouveras ni le dernier CSS pour t'agiter, ni des groupes qui n'ont pas vraiment de sens une fois l'été fini comme Fool's Gold ou I'm From Barcelona, tu ne trouveras pas non plus de Connan Mockasin pour te détendre, et puis de toute façon ma préférence pour 'Egon Hosford' aurait rendu les choses difficiles.

Bon, y aura quand même du Beirut parce que le dernier album est vachement bon. J'aurais aussi envie de te mettre 'Let Go' d'Animal Collective, ou bien du Kakkmaddafakka mais ça ferait abus de joie de vivre.

Donc une compilation qui aura pour thème "L’Été ne passera pas !", et je t'épargnerais Wu Lyf parce que ça a beau être assez anti-estival, j'accroche pas du tout à la voix, et puis je ne peux m'empêcher de me questionner sur l’honnêteté d'un tel groupe (le "on veut pas être hype, mais on fait tout pour" me dépasse), tu n'auras pas le droit non plus au dernier Horrors qui refroidi bien comme il faut, et permet de constater que Faris Badwan n'hésite pas à violenter son public autant avec sa musique que physiquement sur un concert, mais bon, il a leaké un poil trop tard donc ça sera non.


Ces images de leur concert au Merriweather Post Pavilion font que la tentation est grande de les intégrer, mais tu ne trouveras pas Animal Collective dans cette compilation.

Bien, maintenant que j'ai perdu tout ceux qui étaient un temps soit peu motivé en commençant l'article, autant que j'attaque la raison principale de son écriture.


Ça commence avec 'A Title' de Brian Eno, soit le mec à propos de qui tout le monde se contente d'écrire "personne n'ose dire qu'il trouve ça mauvais" sans jamais nous dire si ça l'est ou pas, comme si on était en enocratie et que l'on ne pouvait pas dire ce qu'on pense sur les enorques (ceux qui sont approuvés par le messie, pas simplement des gens qui sont passés par l’École Nationale de l'Onanisme) qui nous gouvernent. Bon, il faut l'avouer que quand le type qui est déjà un poids lourd, se permet d'avoir aussi les textes d'une beauté hallucinante (et ce même avec une compréhension orale de l'anglais assez bancale) de Rick Holland, ça donne un contenu imbitable aux premières écoutes et difficile aux suivantes. À l'image de cet article, la compilation élimine donc d'entrée les moins courageux (ou les plus intelligents, question de points de vue).

Sinon Brian Eno il est gentil, mais va mettre une chanson après une des siennes sur une compilation ... Du coup j'ai du intercaler 'Peace On The Rise' de Chad VanGaalen (parce qu'un mec qui réussit aussi bien le mélange entre folk et bruitisme, ça ne court définitivement pas assez les rues pour que je le snobe, et puis il a fait un clip beau mais bizarre pour cette chanson, comme à son habitude, c'est donc une bonne raison de plus) avant 'Speaking In Tongues' (pour montrer que David Byrne, après avoir pas mal bossé avec Brian Eno sait toujours bien s'entourer, comme avec Arcade Fire cette fois-ci, et aussi parce que j'écoute beaucoup 1977 des Talking Heads en ce moment).




Après ça j'envoie deux très grosses chansons des trois derniers mois : 'Swallowing The Decibels' de Yeasayer parce qu'on peut dire ce qu'on veut comme quoi c'était mieux sur le premier album, tout ça tout ça, le titre reste énorme, et ce "We're going nowhere but we won't stop trying swallowing the decibels" c'est tellement le sens de la vie ... Love Inks sur Skeleton Key arrivent à produire une chanson tellement hypnotique avec aussi peu de moyens qu'ils méritent définitivement que l'on s'intéresse à eux. Après ça une grosse redescente en intensité mais pas en qualité avec les Favourite Sons et leur Great Deal Of Love : une formule simple vue et revue : du folk traditionnel avec des textes qui font mouche, mais ils le font bien, donc pas de problèmes.

Je te parlais de néo-zélandais un peu plus tôt, en évoquant Connan Mockasin dont je n'ai jamais parlé sur ce blog, ce qui tombe plutôt bien puisque je met uniquement des artistes dont je n'ai jamais parlé dans ma compilation, c'est pour ça que je t'ai mis Flying Machine par Battle Circus, soit en une fois une chanson presque aussi longue que celles de Cass McCombs et The Gift rassemblées : une chanson très réussie car sa pop peu linéaire et bancale fait son charme, à l'image des "machines volantes" que l'on peut voir dans le clip.




Ensuite un type dont je t'ai déjà parlé et dont j'apprécie beaucoup le travail : Devonte Hynes. Gros problème, sa dernière actualité vaguement lié à la musique était une apparition aux côté de Macaulay Culkin dans Wrong Ferrari, le très dispensable film d'Adam Green qui ferait mieux de reconnaitre que ses talents pour la photographie et le cinéma sont inexistants. Blood Orange c'est un peu décevant au début quand on s'attend à du Lightspeed Champion, mais passé cette première impression on succombe aux chansons qui vont chercher beaucoup plus loin : ça va régulièrement taquiner le math rock et on entend toujours au minimum trois trucs en même temps, ce qui fait qu'on met souvent en pause en se disant "putain, j'ai encore une vidéo qui s'est lancée sur une fenêtre ... attend voir, je suis même pas connecté à internet".




Comme annoncé au début, je n'ai donc pas pu m’empêcher de mettre 'East Harlem' de Beirut, parce que c'est un réel plaisir de voir le groupe revenir à son meilleur niveau, après un précédent album un peu décevant car pas vraiment nouveau, avec ce single on a du très bon Beirut, enfin, ça vaudra jamais 'Nantes' à mes yeux mais mon point de vue sur la question est assez biaisé en fait.

Et puis pour terminer j'ai mis 'We Are Young' d'Ennui (parce que tu sais, des fois on écoute un groupe seulement à cause de son nom) : une voix légère sur un instrumental bien dense, là encore une formule pas vraiment neuve mais qui marche à merveille.

Et pour écouter tout ça c'est sur 8tracks (parce qu'avec Mixcloud ça marchait moyennement : concaténer des chansons au bloc-note étant une idée moyenne).


Et je ne pouvais pas conclure sans te mettre ma chanson du moment : la reprise de 'Only Girl (In The World)' de Rihanna par Xiu Xiu, parce que la voix paranoïaque de Jamie Stewart sur un tel texte, c'est juste du bonheur en barre.