dimanche 23 septembre 2012

I'm by your side if you need to cry





Mon article du jour sera un grand merde à la face de la joie de vivre et je vais donc chroniquer 2 albums qui sont/se devraient d'être bien déprimants.


Je commence avec Why ?, comme il nous le montre depuis pas mal de disques, Yoni Wolf n'est pas typiquement le mec le plus heureux au monde. Sauf qu'avec l'EP Sod In The Seed, on commençait à se dire qu'il allait un peu mieux. Bien sur la chanson-titre et Shag Carpet ne tranchaient pas franchement avec ce à quoi le groupe nous avait habitué, se contentant d'être un poil plus joyeuses, mais au milieu, on avait 4 titres très courts qui donnaient beaucoup plus le sourire, je ne citerais que Twenty Seven, qui est d'ores et déjà devenu un de mes titres préférés du groupe (t'ai-je déjà fait part de ma passion pour les chansons de moins de 2 minutes ?).

En ce qui concerne l'album, c'est une semi-déception : on se situe quelque part entre Sod In The Seed et les disques précédents, mais il lui manque à mes yeux ces rythmiques totalement erratiques qui m'avaient fait adorer Eskimo Snow, les mêmes qui m'ont fait succomber à Twenty Seven.
L'écoute est beaucoup plus douce que d'habitude : des rythmes plus fluides, la voix de Yoni Wolf se fait plus mélodieuse, et pour parachever l'aspect plus sucré de l'album, une touche féminine ajoutée en la personne de Liz Hodson, femme de Josiah Wolf.
En bref, si ce que tu cherchais sur un album de Why ? c'était comme moi une sorte de mal-être bégayant qui transpirait par tous les pores de la musique, tu ne seras pas totalement convaincu. Mais si tu apprécies les bons disques il devrait te plaire quand même.

Ok, alors je te vois venir "sérieux ? mais comme à chaque fois le type il t'annonce un truc en intro et après il te parle de tout autre chose" et comme je suis à ton écoute lecteur, tu vas avoir droit à du vrai groupe réellement hardcore dans la dépression ! J'ai nommé Extra Life.

Ça me semble impensable de te parler du groupe sans commencer par évoquer la manière dont je les ai découverts. 
C'était un concert au Lieu Unique à Nantes dont j'avais eu vent au travers des pages de Wik, l'hebdomadaire culturel gratuit nantais, auquel je n'ai pas trouvé d'équivalents ailleurs. Je ne me souviens plus comment le groupe était décrit, toujours est-il que c'était pendant un week-end en fin d'année, et que j'avais déjà prévu d'aller boire à l'excès à 2 pas du LU.
Alors il faut remettre dans le contexte : j'abordais mon dernier mois de prépa en sachant déjà qu'ils allaient me jeter à la fin de l'année, j'étais par conséquent assez incertain à propos de mon avenir, et pour rajouter une ombre au tableau, le FC Nantes venait ce soir là de descendre officiellement en Ligue 2 après une défaite lamentable contre Sochaux (bien que mathématiquement il pouvaient se maintenir en en collant 20 à Auxerre et en espérant des défaites de tous les autres concurrents).
Autant dire que j'étais déjà suffisamment sensibilisé pour apprécier, et puis surtout, j'étais plutôt ivre et je me retrouvais confronté, avec du retard et sans préparation au grand projet des ingés son du LU qui consiste à empêcher toute sociabilisation les soirs de concert, il faut poser les bases : la partie bar/restaurant du LU est relativement spacieuse, mais le son est réglé tellement fort lors des concerts, que même dans les toilettes en sous-sol il est difficile d'avoir une conversation avec qui que ce soit. Concrètement, on en prend plein la tronche.

Verdict de ce concert : Extra Life et moi c'était devenu en très peu de temps une grande histoire d'amour. Sauf que l'alcool et le temps n'aidant pas, l'histoire s'était finalement avérée plus proche d'un amour de vacances à qui tu oublies d'écrire.
Oui mais voilà, les retrouvailles fortuites ont eu lieu quand j'ai appris l'existence de Dream Seeds : leur nouvel album sorti il y a quelques mois.
Et l'amour est revenu tout de suite : grâce aux alternances des passages médiévaux et bruitistes (l'introduction No Dreams Tonight et Righteous Seed), le maniérisme vocal digne d'un Morrissey de la grande époque (flagrant sur First Song, sur laquelle je reviendrais), et puis cette capacité à faire de longue piste qui jouent à fond la carte de l'ascenseur émotionnel.

L'album pour moi peut être résumé par le remarquable diptyque Little One-First Song.
Le premier titre est une description des difficultés inhérentes à la condition masculine en 2012 : devoir afficher sa sensibilité mais pas trop, réussir à être un séducteur indifférent avec au ventre la peur de souffrir et surtout de faire souffrir. Un morceau très émotionnant à ne pas forcément écouter debout sur le rebord de la fenêtre, avec un couteau pour se tailler les veines dans une main et une quantité trop importante de médicaments dans l'autre.
En comparaison First Song c'est le moment ou tu ressors la tête de la baignoire : je parlais de Morrissey, alors il faut imaginer un univers parallèle où ce très cher Steven aurait eu une sorte de flash en quatre couleurs et débarquerait en studio en gueulant "putain ! aujourd'hui Mike je te préviens, t'as intérêt à taper vraiment sur tes fûts, faudrait pas qu'on nous prenne pour des tapettes ! et toi Johnny, tu vois tes arpèges ? tu les prends tu te les fous dans le cul bien profond, tu mets tous les boutons de ton ampli à fond et tu nous joue un putain de morceau bordel !"
Ces 2 titres divisent parfaitement l'album entre la première partie de 3 titres qui pose les bases du groupe, et le final qui en 2 morceaux va taquiner la demi-heure avec force explosions qu'un groupe post-rock ne renierait probablement pas.

Clairement l'un des disques les plus puissants musicalement et émotionnellement de cette année.

Alors toi aussi, assume ta dépressivité avancée en écoutant Dream Seeds. Tu passeras à la maison, on boira des alcools forts et on terminera en se pleurant sur les épaules les uns des autres !

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