Il y a quelques jours, j'étais seul en voiture tard le soir, comme souvent dans cette situation, je dégaine ma carte SD de nuit pour me réveiller. Et au passage de Watch Me Fall de Jay Reatard (qu'est-ce que ce type était talentueux et manque aujourd'hui) à Gravé dans la roche de Sniper (qu'est-ce que cet album est puissant et actuel, malgré ses 15 ans), je me suis rendu compte que ça me manquait énormément de ne plus écrire en général, et sur la musique en particulier.
Pour l'occasion je ressuscite cet espace, avec pour commencer un article que écrit il y a plus d'un an en sortant du concert de Jarvis Cocker et Chilly Gonzales à Berlin et que je n'avais jamais publié.
Je crois qu'il n'est nul besoin que je m'étende une fois de plus sur l'amour que je porte au travail de Jarvis Cocker. Même si je l'ai moins exprimé ici, celui que j'ai pour le génie et l'érudition de Chilly Gonzales n'en est pas moins fort.
C'est donc logiquement que quand le premier a annoncé une tournée pour son nouvel album, mon cœur a fait un bond, quand j'ai découvert qu'il collaborait avec le second sur celui-ci, j'en ai été d'autant plus heureux, et quand j'ai découvert le magnifique Tearjerker, j'étais aux anges.
Passées quelques complications supplémentaires (tu l'as ?) pour obtenir un billet, j'ai pu prendre place dans la Volksbühne de Berlin, théâtre du début du siècle dernier dont l'ambiance se prète parfaitement à ce Room 29. Sur nos sièges, nous attendent une note présentant notre personnage et les autres protagonistes du spectacle, ainsi qu'une clé portant le numéro 29.
Si il faut retenir quelque chose de cette représentation, c'est que ce n'est pas juste un concert. Les deux musiciens ont l'habitude de beaucoup parler avec leur public et ont également expérimenté d'autres moyens de communication comme la radio (j'ai par exemple de très bon souvenir de celle que Chilly Gonzales animait le dimanche soir sur la radio regrettée Le Mouv'). De ce fait la performance mèle musique, théâtre, danse, vidéo, on assiste même à la présentation d'un powerpoint ! On sent que les deux compères s'amusent à faire des choses qu'ils n'assumaient pas forcément dans leurs projets précédents, certains de leurs ressorts tiennent plus du spectacle de marionnettes pour enfants que du concert, ou même du théâtre. Mais devant leur talent, nous n'avons aucun problème à être pris pour des enfants.
La setliste se cantonne à l'album joué dans l'ordre, ou plutôt raconté, étant donné la forte teneur narrative de celui-ci. Ils fournissent au passage l'explication de texte, présentant anecdotes et photos à l'appui les différents personnages impliqués. L'écoute de l'album, déjà excellent, n'en devient que plus intéressante par la suite.
Comme sur l'album, Chilly Gonzales parvient à faire paraître la composition simple, mais nous emporte avec son talent pour remplir l'espace avec son piano, qu'il accompagne du Kaiser Quartett sur une partie des pistes tandis que Jarvis Cocker montre une fois de plus son talent pour faire passer des émotions, qui rend son jeu de scène parfois un peu incongru mais touchant malgré tout, notamment sur l'enchaînement Daddy, You're Not Watching Me chanté depuis l'intérieur (!) d'une télévision et The Other Side interprété depuis le public. Et même si Ice Cream As Main Course est un final génial pour un album comme pour un concert, le duo décide de prolonger le plaisir avec une reprise de Paper-Thin Hotel de Leonard Cohen, seul titre hors album, on aurait aimé en voir encore plus mais toutes les bonnes choses doivent avoir une fin y compris ce concert qui en partant d'un album de 50 minutes et en y ajoutant moult interludes flirte avec l'heure et demie.
Il est probablement trop tard pour voir le spectacle à peu près n'importe où, mais à défaut de mieux, une partie du concert au ARTE Concert Festival 2017 est visible ici :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire