dimanche 25 septembre 2011

Back to school



Cet article est un article de reprise, il aurait du paraitre il y a une semaine mais mes problèmes avec les fournisseurs internet m'en ont empêché. Ça devait être une sorte d'échauffement avant la reprise des concerts, qui commençait par un match amical jeudi dernier avant la première rencontre de la saison ce lundi, l'idée étant de réussir à être plus lisible que dans mon article sur la route du rock.

Pas vraiment de sujet, assez peu de contenu, mais au point de départ une actualité qui elle aussi commence à dater : la mort de DJ Medhi, honnêtement, j'en ai rien à carer des ses dernières production électro et je ne vais pas non plus écrire une nécrologie, je laisse ça à d'autres blogs, à MC Solaar et à Frédéric Mitterand.
Je vais juste parler de mon expérience avec le travail du monsieur, qui remonte à environ 10 ans et a refait surface avec le premier album du 113, qui fait partie de ma liste de disques que je regrette toujours d'avoir revendu pour des cacahuètes sur ebay.
Je me suis toujours plus ou moins demandé ce qui me plaisait dans le rap sans jamais réussir à trouver de réponse. Est-ce que c'était de l'esprit de contradiction ? est-ce que c'était parce qu'il s'agissait de la seule musique récente accessible à l'époque ou est-ce que c'était par véritable goût ?

Une chose est sure, une chanson comme Les Princes de la Ville sur l'album auto-intitulé me faisait fortement douter : tout le monde présentait le rap comme un style musical intéressant uniquement pour le texte, et je tenais une chanson dont la partie instrumentale m'accrochait bien plus, j'avais l'impression de n'avoir rien compris, mais aujourd'hui je me rend compte qu'à l'époque j'étais déjà dans le vrai.



Ce qui est fort c'est qu'au final l'actualité prolonge mes pensées du moment sur la musique : y en a ras-le-cul du garage, du lo-fi et des albums mal produits. RENDONS LE POUVOIR SUR LES DISQUES AUX PRODUCTEURS ! Il suffit d'écouter le dernier Dum Dum Girls à la suite du premier pour se rendre compte que le son "honnête" c'est de la daube, que l'honnêteté c'est d'enregistrer correctement son disque pour filer au public un quelque-chose qui lui fait des trucs, et pas un quelconque album abrupt.
À ce niveau là, je rejoins totalement le point de vue de Gonzales, qui est l'un des plus grands génies musicaux actuels, cumulant virtuosité instrumentale (je ne me suis toujours pas remis de son concert Solo Piano d'il y a 5 ans), érudition impressionnante et sens de la production hyper-pointu. Son dernier opus, The Unspeakable est un de mes disques de l'année : il y rappe comme un professeur, à des lieues des concours de vitesse pale kid rapping, mais là encore, le texte est secondaire, même si son ironie est hilarante; le disque se distingue particulièrement par ses instrumentaux ultra-pompeux mais pleinement assumés et surtout qui sonnent justes. Même si il n'aura pas l'exposition médiatique nécessaire pour faire des émules, The Unspeakable met une énorme claque au rap actuel, à l'image de ce "Party In My Mind", réponse déviante au mantra "I Got A Feeling" des Black Eyed Peas.

vendredi 19 août 2011

YOU WANNA GO HOME !

les festivals c'est la merde, t'as l'air con et t'écris de mauvais articles, preuves à suivre

Le gros problème quand tu écris une revue de concert, c'est que dès que tu te mets à parler de ce qu'il y a à côté, tu tombes très rapidement dans le racontage de vie.

L'énorme problème quand tu écris une revue de festival, c'est qu'il est impossible d'y donner du sens sans parler de ce qui s'y passe à côté.

Du coup je n'avais encore jamais réussi à écrire sur des festivals ici, même si ça s'explique par le fait que mon seul festival depuis l'ouverture de ce blog, c'était Sziget, là où tu ne vas pas pour la musique sous peine de t'emmerder (et c'est l'expérience qui parle), donc je n'avais pas pu dire les vagues d'amour intense que j'avais ressenties pendant que Calexico avait repris Alone Again Or. La déception quand j'avais vu que Maxïmo Park c'était devenu nul à chier, même en concert. Le côté terriblement amusant à faire le cas social en emmerdant les gens autour pendant Offspring ou Placebo. Ou encore à quel point j'avais été impressionné par la classe de Nicky Wire.

L'objectif de cet article est donc de mettre fin au blocage festivalier, je risque d'y raconter ma vie plus que nécessaire, passe donc ton chemin si ça ne t'intéresse pas, cela dit, si tu lis encore ce blog, c'est que ça ne dois pas t'emmerder complétement, ou bien que les bouts de musique entre les morceaux de vie pathétiques trouvent grâce à tes yeux.


Dans un premier temps, je dois expliquer à quel point la route jusqu'à Saint-Malo a été longue. Je ne pouvais pas faire le vendredi soir à cause du travail, c'est une chose, sauf que ne pas encore avoir reçu ma place le dit-vendredi soir, c'en est une autre que je n'avais pas réellement prévue. Fort heureusement, en écoutant suffisamment peu le gardien de mon ex-résidence, je suis parvenu à le récupérer à La Poste. Et là, arrive le sens même de l'article. Tu t'imagines bien qu'alors que je venais juste de récupérer ma place alors que j’étais au désespoir, tout autour de moi me paraissait beau. Il te semblera donc logique, que j'étais alors prêt à aimer n'importe quelle chanson que la radio passerait en montant dans ma voiture. Les probabilités faisant, le risque de devenir fan de Stromae était extrêmement élevé, et tout scientifique que je suis, l'émotion m'avait totalement empêché de le prendre en compte. Du coup, c'est sans aucun frisson, que j'ai mis le contact ...



... et là je suis devenu fan de Pulp.



Parce que si tu suis un peu, le titre de l'article c'est Do You Remember The First Time ? Donc tu t'attendais à ça depuis 3 paragraphes environ, enfin bon, je n'ai jamais dit non plus que j'étais quelqu'un de surprenant hein.


Bon, les choses s'enchaînent, je ne dors quasiment pas de la nuit du vendredi au samedi parce qu'il fallait que je range suffisamment mon appart pour être sur que mon ex-gardien soit mon ex-gardien (et accessoirement pour déménager dans 2 fois plus grand et mieux placé, sans payer plus cher), je loupe mon train parce que j'ai un sac moisi qui s'avère une galère pas possible à déplacer, surtout alourdi par une dizaine de litres de vin acquis à des tarifs compétitifs.




Et là j'arrive à Saint-Malo (tu remarqueras l'art de l'ellipse, qui t'évite 8h de voyage que je vais te raconter quand même entre parenthèse, elles incluent un gosse sadique, qui veut ta mort et te le montre en jetant régulièrement des gâteaux ou son doudou sur toi, s'arrange pour te mettre des claques sur les genoux dès qu'il en a l'occasion, et surtout, te montre à quel point il est vicieux, quand il te fixe droit dans les yeux tout en désignant son biberon (je n'expliquerai pas comment c'est possible, ce gosse était taré, c'est tout), avant de le lever d'un coup sec pour l'envoyer droit dans l’œil de son père, avec un regard entendu "un jour, tu subiras le même sort", glaçant; elles incluent aussi un voyage en wagon-bar pour cause de train complet, aux côtés d'un serveur mateur et dragueur, assez fatiguant à la longue, et encore, je suis même pas une fille; elles incluent enfin 50 minutes de TER jusqu'à Saint-Malo, seul moment où je tente un peu de dormir, assez vainement, parce que le TER ça s'arrête tout le temps, et qu'en plus je ne peux pas m'empêcher de me demander comment ça se fait que l'article de Magic sur Wu Lyf que lit la fille devant moi puisse faire autant de pages), je sors de la gare, et là, bonheur intense, un léger crachin me frappe le visage.

À ce moment là de l'article, je me dois de préciser qu'après avoir passé 20 ans de ma vie à Nantes, j'ai acquis un certain goût pour la pluie : ça adoucît les températures : si il faisait trop froid, il fait plus chaud, si il faisait trop chaud, il fait plus froid; ma principale inquiétude en partant à Montpellier était d'ailleurs "Vais-je résister au manque de pluie ?" avant même "Mais y a des concerts à Montpellier à part les 2 ou 3 supers chers que j'ai vus sur internet ?" (seconde inquiétude soulevée assez vite d'ailleurs). Donc quand je parle de bonheur, c'est véritable : à mon dernier retour à Nantes, il n'avait pas plu, ma dernière expérience avec une pluie légère remontait au moins à Mars, d'un seul coup, je me suis donc senti chez moi.

Ouais, sauf que pendant ce temps là, mon incapacité à trouver les navettes de festival a encore frappé, j'ai fini par monter dans un bus juste avant qu'il parte, n'ai même pas pu mettre mon sac dans la soute et ait donc fait mon cas-social en empêchant tous les gens de passer avec un sac énorme.

Et là on est dimanche un peu avant 21h45 (tu remarqueras là encore l'ellipse parenthésée, qui inclut un retrouvage de gens parmi lesquels je ne connais qu'un quart des personnes, auxquels je ne comprend rien aux conversations quand je ne discute pas avec le dit-quart, avec qui on parle musique, sauf que là ce sont les trois autres quarts qui ne nous comprennent pas; une fouille au corps ratée par un vigile qui me laisse rentrer avec un cubi sous le T-shirt qu'il a pourtant tâté; un concert de Still Corners raté parce qu'attendre des gens c'est une chose, attendre des gens qui sont déjà à l'intérieur ça en est une autre; un bonheur intense encore sur Low, parce qu'un concert sous une pluie encore agréable, avec un verre de vin dans la main et pas mal derrière la cravate; un moment de "mince, j'aurais mieux fait de ne pas oublier mon ciré à Montpellier" pendant Cults; un moment de "je peux plus tenir, j'ai dormi une heure dans la nuit et je suis détrempé, je suis dégouté mais je vais dormir" avant Blonde Redhead; un moment de "pourquôôôaaa ?" alors que je rentre, loupant juste Blonde Redhead, les Kills et Battles; un questionnement intense quand tu es dans ta tente, avec un pantalon plus qu'humide, sans rechange, avec une énorme envie de pisser et que tu sais qu'à un moment tu vas devoir sortir, et que pour ça il va falloir enfiler la serpillère; la meilleure conversation entendue du festival "putain y a trop de hipsters" "chuis pas un hipster" "attends, t'as un legging vert" *pas de souvenirs mais ça se termine par* "en attendant chuis pas un beauf" "et nous on est pas pédés" qui te fait rire tout seul dans ta tente; une confiance énorme accordée au karma, quand tu laisses les autres aller acheter bottes et cirés à Saint-Malo mais préfère attendre que ton pantalon sèche, t’apprêtant à nouveau à n'affronter la pluie avec rien d'autre qu'un pull; un bref épisode de "la vie d'une stagiaire accréditation à la Route du Rock"; un autre de "back to la navette"; un moment où tu te rends compte que connaître qu'une seule plage à Saint-Malo (mais avoir des trucs sympas à raconter dessus) ne va pas t'aider à trouver celle où joue François & The Atlas Mountain, heureusement vite suivi d'un autre où tu te rends compte que quand même, tu sais lire un plan et c'est pas dur à trouver; François & The Atlas Mountain qui chante "je suis de l'eau" alors que tu as les pieds dans l'eau (ce qui ne leur enlève pas la couleur noir qu'ils ont prise de manière inexpliquée, probablement la décoloration des chaussures); le quart connu qui passe le reste de l'après-midi à chanter "je suis de l'eau je suis de l'eau" pendant que tu réponds avec Heart of Love de Crocodiles, ou encore White Winter Hymnal de Fleet Foxes, seule chanson dont tu connais un bout de parole (à savoir "I was following the I was following the I was ...") et que tu chanteras en boucle tout l'après-midi; un retour au camping qui inclue un loupage de Here We Go Magic, parce que 19h15 c'est un horaire triste pour commencer les concerts : tu veux manger avant, tant qu'à faire ça t'épargne la bouffe de festival au faible rapport qualité-prix qui pèse sérieusement sur le ventre, mais du coup, le repapéro s'attarde et tu arrives c'est commencé, et tu te dis que les Okkervil River ils ont des têtes qui vont pas avec leur musique), en attendant Cat's Eyes, sans trop savoir si Faris sera là puisque l'épisode de "la vie d'une stagiaire accréditation à la Route du Rock" nous a appris qu'il aurait tout juste 4 heures pour faire Paris - Saint-Malo, que retentit dans la sono de la scène ? Je te le donne en mille, c'est encore Do You Remember The First Time ? qui marque un peu le début du festival pour moi, puisque juste après débarquent Cat's Eyes au complet, même si absence de balances oblige, on n'entend d'abord ni Faris Badwan ni Rachel Zeffira.


si tu vois où je veux en venir avec ce montage moisi, alors ton sens de l'humour est aussi mauvais que le mien

Le concert est assez intéressant parce qu'il inverse la tendance de l'album du point de vue des voix, on entend surtout Faris, beaucoup moins Rachel, après, à savoir si c'est pour des raisons d'endurance ou de présence scénique, difficile de le dire, mais il est clair que vu le charisme de Faris, le concert tournerait à la farce si on l'entendait juste chanter derrière de temps en temps alors que sur scène on ne voit que lui.
Autre point intéressant, ce n'est définitivement pas le même qu'avec les Horrors (bon, les choses ont peut être bien changées aussi avec les Horrors) : il est totalement apaisé, pas de gestes de violence envers le public (le premier rang de l'Olympic doit encore se souvenir de son coup de savate) et comble : IL REMERCIE LE PUBLIC ! Peut être enfin la satisfaction d'avoir un public qui l'attend pour ses chansons, plutôt que pour l'ex-image gotho-punko-blague des Horrors.
En tout cas, ce concert soulève un regret de plus à louper Rock en Seine : pas possible de voir comment il arrive à passer d'un visage à l'autre tout en restant cohérent.

Après un aller-retour des toilettes à la scène, qui permettra de converser avec un fan des Horrors sur le sens de la musique, et sur ce que l'on retiendra de ce que l'on vit aujourd'hui (j'étais un peu ivre, j'ai vite amené la discussion sur Animal Collective), je me replace pour Fleet Foxes, prêt à chanter mon unique ligne de textes à chaque chanson. Le concert est une réussite, on retrouve les harmonies magnifiques des albums, mais le groupe a su adapter le son au festival, pour éviter de voir son concert dévoré dans nos souvenirs par la puissance de Cat's Eyes ou Crocodiles qui viennent ensuite. Et c'est réussi, la nuit tout juste tombée, on passe l'un des meilleurs moments du festival, même si l'on est pas autant sur un nuage qu'on pourrait l'être en voyant le groupe dans une salle avec un son plus fin.

Puis arrivent les Crocodiles, chose amusante : leur horaire programmé est plus long que la durée de leur concert en tête d'affiche à Montpellier. En passant après Fleet Foxes, le groupe a le défaut d'avoir une musique plus pauvre instrumentalement, ceux qui caricaturent le shoe-gaze diraient "impossible de différencier les chansons en concert", sans tomber dans cet extrême, ils jouent la carte du gros son à fond, pour résumer les choses simplement "ça envoie". Et puis ils ne se limitent pas à Sleep Forever, ce qui est plutôt bien, malgré ma connaissance limitée de Summer of Hate, il m'a semblé distinguer plusieurs nouveautés (même si comme qui dirait tout se ressemble).

Là, vient le moment totalement étrange du festival : Dan Deacon, j'avais vu quelques vidéos du type, mais je ne m'attendais pas du tout à ce que ça donne ça. Alors que pendant tout le festival, à l'image de la querelle du dimanche matin rapportée dans ma 2ème parenthèse elliptique, on avait une certaine opposition entre les "festivaliers lambda" qui sont là pour boire et sauter partout, peu importe la musique, et les "hipsters" qui comptent bien rester exigeants et élégants en toute situation (je caricature à peine), c'est comme si d'un seul coup tout était oublié pour justement s'oublier sur ce concert, devant la minuscule scène de la tour, on tient la plus grosse ambiance depuis le début : c'est un bordel monstre.
Et puis du coup Dan Deacon s'improvise gourou, nous lançant dans un rituel consistant à fermer les yeux et poser les mains sur les têtes de ses voisins et libérer totalement ses pensées : unique.



Et puis vient Mondkopf, j'ai écouté de loin, y a eu un moment drôle où il a fait le truc du "je coupe le son" cher à Philippe Katerine, mais à part ça, l'électro pure et dure ça reste pas mon truc.

Finalement je n'aurais fait véritablement qu'un seul jour à la Route du Rock cette année, mais le plus important, c'est que j'ai réussi à vaincre la malédiction qui m’empêche d'assister au festival depuis 2007 à chaque fois pour des raisons variées, et que dans le même temps, j'ai aussi vaincu le piège de l'article de festival en me jetant droit dedans et en pondant un de mes articles peut-être les plus illisibles à ce jour.

Et puis aussi je suis devenu fan de Pulp grâce aux circonstances du festival (même si les gens sympas qui m'ont ramené à Nantes alors que j'essuyais des refus depuis une heure n'écoutaient pas Pulp, ça aurait été un peu trop en même temps, j'ai du me contenter de Foals et des Walkmen, ce qui est déjà bien, et a évité que je me soulage sur leurs sièges de joie), et je dois avouer que ça m'arrange plutôt bien, parce que non seulement j'ai déjà tous les albums, au moins sur mon ordinateur (ce qui est bien pour les écouter, vu que je n'ai pas trop internet en ce moment, déménagement oblige), que je les ai déjà pas mal écoutés, ce qui fait que les fans pédants ne pourront pas se foutre de ma gueule parce que je connais pas tout, et comme j'ai déjà vu le groupe en concert, je ne regretterais jamais de les avoir loupés parce que je les connaissais pas. Et en plus j'ai déjà This Is Hardcore en vinyle, ça m'évite d'avoir à chercher mon album préféré chez les disquaires : je l'ai déjà.
Ça peut sembler évident comme ça, mais si j'étais devenu fan de Muse ou Tryo par accident les choses auraient été bien plus compliquées.

Moralité, je vais conclure cet article en reparlant de Sziget, puisque pour le mot de la fin, je mettrais celui, hautement philosophique que Lily Allen nous avait fait partager ce soir là :

" When you love it's better to know each other *rire alcoolisé* "

Merci Lily !



dimanche 31 juillet 2011

L'été ne passera pas.



Il y a des tonnes de bonnes raisons d'...

Non, je vais arrêter un peu avec cette série d'article qui aurait du n'être qu'un seul article, mais comme je fais rarement ce que je prévois ici, j'en ai fait cinq, ça permettait de continuer à publier en période de [foirage de] partiels (non parce qu'écouter des chansons qui parlent de l'Amylase ne permet pas d'avoir des notes à deux chiffres en biochimie, contrairement à ce que l'on eut pu penser), et donc de ne pas faire de coupure dans la parution.

OK, dur.

Enfin, je reviens avec une inspiration tout ce qu'il y a de plus estivale pour publier une compilation comme pour le premier trimestre, mais pour le deuxième, oui parce que du coup, j'avais voulu mettre du The Gift et du Cass McCombs sur ce blog sans avoir le courage d'écrire un article entier (non mais de toute façon je vais pas écrire un article entier sur un groupe portugais, faut arrêter avec les pays à la con, déjà qu'on en fait beaucoup trop avec la Nouvelle-Zélande ces derniers temps), ce qui fait que maintenant, ma bonne foi légendaire et ma volonté de maintenir une cohérence ici m’empêchent de publier un article qui ne contienne pas une compilation secundo-trimestrielle.

Je pourrais te faire un truc idéal pour aller à la plage avec, ça serait sympa, sauf qu'en fait l'été c'est quand même daubesque comme saison, une fois qu'on s'est habitué aux lunettes de soleil, on se rend compte qu'en fait on est vachement limité au niveau vêtements (même si c'est l'occasion de sortir ses T-shirts de groupes); et puis surtout il y a cette abomination que sont les festivals de l'été, où on tente de se convaincre qu'on y va pour la musique, mais au final on occupe la moitié de notre journée à endormir toutes considérations musicales avec de l'alcool (ou autre), pour au final terminer devant des concerts qu'on trouvera bons, jusqu'à ce que l'on revoit le même groupe net et qu'on se rende compte qu'on avait vraiment trop bu la dernière fois.
Sauf que le pire, c'est que si on ne fait pas de festivals, on ne peut pas s'empêcher de se sentir coupable (pour preuve, je risque de terminer à La Route du Rock alors que je suis en stage environ 1000km plus au sud).

Dans ces titres, tu l'auras compris, tu ne trouveras ni le dernier CSS pour t'agiter, ni des groupes qui n'ont pas vraiment de sens une fois l'été fini comme Fool's Gold ou I'm From Barcelona, tu ne trouveras pas non plus de Connan Mockasin pour te détendre, et puis de toute façon ma préférence pour 'Egon Hosford' aurait rendu les choses difficiles.

Bon, y aura quand même du Beirut parce que le dernier album est vachement bon. J'aurais aussi envie de te mettre 'Let Go' d'Animal Collective, ou bien du Kakkmaddafakka mais ça ferait abus de joie de vivre.

Donc une compilation qui aura pour thème "L’Été ne passera pas !", et je t'épargnerais Wu Lyf parce que ça a beau être assez anti-estival, j'accroche pas du tout à la voix, et puis je ne peux m'empêcher de me questionner sur l’honnêteté d'un tel groupe (le "on veut pas être hype, mais on fait tout pour" me dépasse), tu n'auras pas le droit non plus au dernier Horrors qui refroidi bien comme il faut, et permet de constater que Faris Badwan n'hésite pas à violenter son public autant avec sa musique que physiquement sur un concert, mais bon, il a leaké un poil trop tard donc ça sera non.


Ces images de leur concert au Merriweather Post Pavilion font que la tentation est grande de les intégrer, mais tu ne trouveras pas Animal Collective dans cette compilation.

Bien, maintenant que j'ai perdu tout ceux qui étaient un temps soit peu motivé en commençant l'article, autant que j'attaque la raison principale de son écriture.


Ça commence avec 'A Title' de Brian Eno, soit le mec à propos de qui tout le monde se contente d'écrire "personne n'ose dire qu'il trouve ça mauvais" sans jamais nous dire si ça l'est ou pas, comme si on était en enocratie et que l'on ne pouvait pas dire ce qu'on pense sur les enorques (ceux qui sont approuvés par le messie, pas simplement des gens qui sont passés par l’École Nationale de l'Onanisme) qui nous gouvernent. Bon, il faut l'avouer que quand le type qui est déjà un poids lourd, se permet d'avoir aussi les textes d'une beauté hallucinante (et ce même avec une compréhension orale de l'anglais assez bancale) de Rick Holland, ça donne un contenu imbitable aux premières écoutes et difficile aux suivantes. À l'image de cet article, la compilation élimine donc d'entrée les moins courageux (ou les plus intelligents, question de points de vue).

Sinon Brian Eno il est gentil, mais va mettre une chanson après une des siennes sur une compilation ... Du coup j'ai du intercaler 'Peace On The Rise' de Chad VanGaalen (parce qu'un mec qui réussit aussi bien le mélange entre folk et bruitisme, ça ne court définitivement pas assez les rues pour que je le snobe, et puis il a fait un clip beau mais bizarre pour cette chanson, comme à son habitude, c'est donc une bonne raison de plus) avant 'Speaking In Tongues' (pour montrer que David Byrne, après avoir pas mal bossé avec Brian Eno sait toujours bien s'entourer, comme avec Arcade Fire cette fois-ci, et aussi parce que j'écoute beaucoup 1977 des Talking Heads en ce moment).




Après ça j'envoie deux très grosses chansons des trois derniers mois : 'Swallowing The Decibels' de Yeasayer parce qu'on peut dire ce qu'on veut comme quoi c'était mieux sur le premier album, tout ça tout ça, le titre reste énorme, et ce "We're going nowhere but we won't stop trying swallowing the decibels" c'est tellement le sens de la vie ... Love Inks sur Skeleton Key arrivent à produire une chanson tellement hypnotique avec aussi peu de moyens qu'ils méritent définitivement que l'on s'intéresse à eux. Après ça une grosse redescente en intensité mais pas en qualité avec les Favourite Sons et leur Great Deal Of Love : une formule simple vue et revue : du folk traditionnel avec des textes qui font mouche, mais ils le font bien, donc pas de problèmes.

Je te parlais de néo-zélandais un peu plus tôt, en évoquant Connan Mockasin dont je n'ai jamais parlé sur ce blog, ce qui tombe plutôt bien puisque je met uniquement des artistes dont je n'ai jamais parlé dans ma compilation, c'est pour ça que je t'ai mis Flying Machine par Battle Circus, soit en une fois une chanson presque aussi longue que celles de Cass McCombs et The Gift rassemblées : une chanson très réussie car sa pop peu linéaire et bancale fait son charme, à l'image des "machines volantes" que l'on peut voir dans le clip.




Ensuite un type dont je t'ai déjà parlé et dont j'apprécie beaucoup le travail : Devonte Hynes. Gros problème, sa dernière actualité vaguement lié à la musique était une apparition aux côté de Macaulay Culkin dans Wrong Ferrari, le très dispensable film d'Adam Green qui ferait mieux de reconnaitre que ses talents pour la photographie et le cinéma sont inexistants. Blood Orange c'est un peu décevant au début quand on s'attend à du Lightspeed Champion, mais passé cette première impression on succombe aux chansons qui vont chercher beaucoup plus loin : ça va régulièrement taquiner le math rock et on entend toujours au minimum trois trucs en même temps, ce qui fait qu'on met souvent en pause en se disant "putain, j'ai encore une vidéo qui s'est lancée sur une fenêtre ... attend voir, je suis même pas connecté à internet".




Comme annoncé au début, je n'ai donc pas pu m’empêcher de mettre 'East Harlem' de Beirut, parce que c'est un réel plaisir de voir le groupe revenir à son meilleur niveau, après un précédent album un peu décevant car pas vraiment nouveau, avec ce single on a du très bon Beirut, enfin, ça vaudra jamais 'Nantes' à mes yeux mais mon point de vue sur la question est assez biaisé en fait.

Et puis pour terminer j'ai mis 'We Are Young' d'Ennui (parce que tu sais, des fois on écoute un groupe seulement à cause de son nom) : une voix légère sur un instrumental bien dense, là encore une formule pas vraiment neuve mais qui marche à merveille.

Et pour écouter tout ça c'est sur 8tracks (parce qu'avec Mixcloud ça marchait moyennement : concaténer des chansons au bloc-note étant une idée moyenne).


Et je ne pouvais pas conclure sans te mettre ma chanson du moment : la reprise de 'Only Girl (In The World)' de Rihanna par Xiu Xiu, parce que la voix paranoïaque de Jamie Stewart sur un tel texte, c'est juste du bonheur en barre.

lundi 20 juin 2011

If only all men had the courage they too could be cowards


Il y a une pelletée de raisons d'écouter un disque, certaines paraissent infiniment débiles, mais aucune n'est fondamentalement mauvaise.

Enfin, il y a ma technique préférée qui fait mouche à chaque fois bien qu'elle serve dans peu de situations. Il suffit de repérer les pochettes avec des gens en tenue d'escrime.

Puzzle Muteson réussit le coup double, non seulement en portant la tenue, mais aussi en appelant son album En Garde.
Sur cette pochette, il arbore un sabre : l'arme des cavaliers, son album commence donc avec la chanson 'I Was Once A Horse', qui nous fait découvrir à la fois sa guitare subtile et sa voix délicate. Tout au long de l'album on croit entendre le fils caché de Joanna Newsom et Neil Young : les chansons montent doucement tout en gardant une justesse rare. Sauf que du coup, c'est un disque pas du tout évident à écouter en 2011 : il demande une pleine attention, que l'on accorde de plus en plus rarement à de la musique.

Le titre éponyme en est la parfaite illustration : quelques notes de guitare et une voix qui s'imposent d'entrée comme les constantes de la chanson, quelques touches de piano, qui tout au long des 4 minutes que dure la chanson, s'organisent peu à peu pour soutenir la mélodie.
Puis des cordes s'élèvent, le morceau s'intensifie, des percussions, et puis des chœurs apparaissent pour faire atteindre son pic à la chanson, celui-ci est maintenu pendant seulement quelques secondes avant que la chanson redescende mais avec des cordes plus présentes. Et puis la chanson s'achève sur ce discret motif de guitare qui l'air de rien, a contribué à nous faire traverser toutes les émotions. Cela dit, en écoutant la chanson qu'à moitié, on est certain de ne rien saisir de ce pic émotionnel.

Là où l'artiste a bien choisi son nom, c'est qu'à l'écoute de cet album, on ressort puzzled : on est pas vraiment capables de dire si on a aimé ou pas, et ce sentiment perdure pendant encore quelques écoutes tant l'album est subtil et sensible.

Et en bonus, vu que c'est mon cinquième article (et dernier, si ça peu te rassurer) qui commence pareil, je vais terminer différemment avec un clip : celui de 'En Garde', simple et fascinant, et qui colle donc parfaitement à la chanson.

jeudi 16 juin 2011

Just cause we can't see the bars don't mean we aren't in prison


Il y a un paquet de raisons d'écouter un disque, certaines paraissent parfaitement débiles, mais aucune n'est absolument mauvaise.

Des fois, tu dois beaucoup à la presse, c'était déjà un peu le cas pour Yuck, puisque sans Magic je n'aurais jamais su qui étaient les membres du groupe. De même sans Voxpop je ne me serais probablement jamais intéressé à Sound Of Rum.

Et ça aurait été sacrément dommage, car des albums de la trempe de Balance, ça ne court pas les boutiques.
Il enthousiasme de la première à la dernière note, Rumba est l'un des meilleurs albums-opener qu'il m'ait été donné d'entendre ces dernières années : il présente d'entrée la recette qui va nous combler sur 12 chansons : à savoir le flow super accrocheur de Kate Tempest, rapide mais sans tomber dans le ridicule du Pale Kid Rapping, où elle pourrait pourtant mettre une rouste à la plupart des concurrents; flow auquel s'ajoutent et la guitare d'Archie Marsh, qui tout au long de l'album montre que, malgré sa préférence pour le jazz, il peut jouer dans à peu près tous les registres, et la batterie de Ferry Laurenson, qui non content d'enterrer tous les samples imaginables, parvient à donner une fluidité remarquable et tout en roulements au son du groupe.

Ces 3 là ont l'habitude de jouer ensemble et ça s'entend. Pour tenter de te donner des éléments de comparaison je vais te parler de ma première journée au Sziget Festival il y a bientôt 2 ans :

C'était ce qu'on appelle le Day 0, à savoir, presque que des groupes locaux, et une grosse tête d'affiche, généralement surprise. Ouais, sauf que cette année là la tête d'affiche était remplacée par un concert 'Love Music, Hate Racism' qui rassemblait un certain nombre de musiciens britanniques, avec entre autres Drew McConnell, Lee Mavers et une pelletée de rappeurs dont je ne connais pas le nom.
Avant ça, il y avait un autre concert intitulé 'Miles In India' : l'ancien backing band de Miles Davis qui jouait avec quelques musiciens indiens qui avaient ramenés leurs instruments traditionnels. Ce qui impressionnait le plus, ce n'était pas les mélodies de sitar qui donnaient envie de chanter 'Within You And Without You', c'était la capacité qu'avaient les musiciens à improviser aussi longtemps sans en donner l'impression : sans entendre aucune pause ou changement, tu pouvais quand même voir que le rythme était différent à chaque fois que tu te concentrais dessus. Les musiciens avaient tellement l'habitude de jouer ensemble qu'ils se comprenaient instantanément sans un mot.
J'eus à peine le temps de me remettre de ce concert, puisque le 'Love Music' avait déjà commencé sur la grande scène, et qu'en tant que fan de Mongrel, je ne voulais pas en louper une miette sachant que la majorité des membres du groupe était présente, et puis si jamais Lee Mavers chantait 'There She Goes' je voulais voir ça aussi. Sauf qu'en fait le set se composait principalement de reprises de gros tubes rock, quand je suis arrivé, ils étaient en train de jouer 'White Riot', j'ai alors profité de l'agitation dans la foule due au titre pour lâcher mes potes qui mettaient trois plombes à bouger leur cul à chaque fois (que j'ai d'ailleurs retrouvés par un hasard le plus total 2h30 plus tard) et atteindre les premiers rangs (pour les premiers rangs, j'ai surtout dû beaucoup à mon sans-gène décuplé par l'association alcool-Clash période punk). Et la vue du concert à cette distance m'a permis de constater que l'énergie de titres, pourtant rock à la base, ce n'est pas de la présence d'un groupe rock derrière qu'elle venait, encore moins de celle de Lee Mavers qui faisait plus penser à une grand-mère à qui on aurait mal indiqué la localisation du club tricot, mais bien des quelques MC et beatboxers qui s'agitaient sur le devant de la scène.
Et j'en ai vu pas mal des groupes cette semaine là, mais à aucun moment je n'ai trouvé une harmonie entre les membres du niveau de celle du Miles Davis Band, ni une énergie comparable à celle du 'Love Music'.

Ce qui est beau, c'est qu'avec Sound Of Rum, on retrouve les 2 éléments que je viens de décrire : on pourrait parfois penser à une entité à 6 bras tant les instruments sont organisés, mais l'énergie déployée ne peut venir que d'un groupe aussi libéré musicalement.

Et puis l'album est à la fois diversifié et équilibré (et porte donc parfaitement son nom), l'interlude Balance, d'apparence assez légère est on ne peut plus éloigné de l'épique 'Prometheus' (oui, parce que le groupe fait aussi volontiers dans le mythologique : on retrouve aussi 'Icarus' sur l'album, à se demander si la véritable orthographe ne serait pas Sound Of Rome).
Best Intentions enchaîne à merveille arpèges de guitares lumineux qui pour un peu rappelleraient Johnny Marr et rythmiques denses portées par l'association voix-batterie.
En écoutant le disque tu auras aussi droit aux tubesques 'Slow Slow' ou 'End Times', au featuring on ne peut plus convaincant avec Polar Bear 'Concrete Pigeons', au quasi-punk 'Breakthrough'. Et à chaque fois avec des textes de qualité, même si c'est franchement pas évident à saisir si on est pas du cru : après pas mal d'écoute j'ai encore beaucoup de mal à comprendre ne serais-ce qu'un mot sur 2, mais au fond c'est même pas ça le plus important.

Un album qui amène une fois de plus à s’interroger sur l'injustice anglaise : alors que Mike Skinner a à peine annoncé la fin de The Streets, la relève est déjà plus que bien assurée (puisque les Sound Of Rum ne sont pas seuls), le jour où ça se passera aussi facilement chez nous ...

dimanche 12 juin 2011

We need a catalyst


j'ai partiel de biochimie dans 3 jours donc allons-y gaiement

Il y a pas mal de raisons d'écouter un disque, certaines paraissent incommensurablement débiles, mais aucune n'est intégralement mauvaise.

Il y a aussi le contraire parfois : tu vois le nom d'un groupe et tu n'as pas envie d'y prêter l'oreille.

C'était le cas avec Yuck, que j'avais confondu avec les français de Gush.
Et Gush, je n'avais vraiment pas envie de les écouter : non pas qu'ils soient mauvais, mais ils n'ont rien de spécialement attirant : des tronches de jeunes premiers associées à une musique sans trop de relief qui les promet au parcours français classique : léchage des boules de Nagui dans Taratata, nomination aux Victoires de la musique dans une catégorie "révélation" quelconque puis disparition entrecoupée d'apparitions dans des festivals bas de gamme (ceux où le public n'en a pas grand chose à faire de la musique, il est venu pour boire).

J'avais donc mis Yuck dans cette case ... enfin, je les y avais mis jusqu'à ce que je découvre qu'il s'agissait d'anciens Cajun Dance Party, qui dans le genre 'groupe anglais qui n'ont pas inventé les feuilles de thé dans l'eau chaude' étaient tout de même assez loin d'être les plus mauvais,ils m'avaient notamment laissé un très bon souvenir en concert. Du coup je m'étais régulièrement demandé ce qu'ils devenaient sans trouver de réponses.

Musicalement, le groupe est décrit un peu partout comme du revival 90'. Il faut avouer que d'entrée 'Get Away' fait titre des Pixies et 'The Wall' Sonic Youth, on peut d'ailleurs trouver des ressemblances vocales un coup avec Franck Black et juste après avec Kim Gordon alors que c'est le même Daniel Blumsberg au chant à chaque fois.
Ouais, sauf que si tu pousses les choses un peu plus loin, tu te rends compte que le groupe est encore meilleur quand il sort du noise rock avec 'Suicide Policeman', 'Suck', ou encore 'Sunday', intelligemment placée après 'Operation', le morceau le plus bruyant de l'album. Ou encore quand il revient à un son qui fait bien plus penser à celui d'un groupe anglais des années 2000, avec 'Georgia', très adoucie par l'apport d'une voix féminine, ou bien avec 'Stutter' dont l'intro de guitare fait penser à du Noah & The Whale.

Donc pour conclure, il y avait quand même moyen de se fouler un peu plus pour décrire ce disque que parler de simple revival, même si ça résume un peu les choses.

mercredi 8 juin 2011

If you wish to study dinosaurs, I know a specimen whose interest is undoubted


Il y a un tas de raisons d'écouter un disque, certaines paraissent carrément débiles, mais aucune n'est totalement mauvaise.

Des fois tu te retrouves à écouter un album uniquement parce que le groupe a un nom marrant, là, j'ai des concurrents à la pelle, mais je vais m'attarder sur Pterodactyl Plains, parce que les dinosaures, ça reste quand même le summum du cool.

L'album s'appelle In The Air, du coup, la métaphore filée avec le ptérodactyle est évidente. D'autant que cet album est un album voyageur : toutes ses chansons font référence à des lieux, à commencer par 'That Road', jusqu'à 'Trego', ville du Montana dont le groupe est originaire.

Écouter cet album c'est comme entreprendre un long voyage en car : tu vas t'endormir, et en te réveillant tu seras dans un lieu complétement différent, mais toujours avec les mêmes compagnons de voyage.

Car ce qui impressionne avec cet album, c'est sa diversité, et ce alors que le groupe comprend seulement 2 membres. Dès le début de l'album, tu prends une claque quand 'That Road' passe du vocalise dans le prolongement du prélude (un instrumental d'une minute 30 de piano) à un titre poppy avec claquements de mains qui te fait sérieusement hocher du chef.

Cet aspect voyage un peu fantastique est présent dans tous les titres de l'album, mais plus particulièrement sur les magnifiques 'Beneath The Grassy Steppe' ou 'Away'. Et puis le mélancolique 'Trego' évoque à merveille le retour chez soi à la fin d'un périple : des sentiments qui oscillent entre la joie de retrouver sa maison et la tristesse de laisser autant de bons moments derrière soi.
Sauf que le gros avantage avec un disque c'est qu'on peut le repasser tout de suite.

samedi 4 juin 2011

À réveiller un mort


Il y a beaucoup de raisons d'écouter un disque, certaines paraissent franchement débiles, mais aucune n'est vraiment mauvaise.

Tout d'abord, il y a le groupe dont tu as tellement écouté l'album précédent que tu le connais par cœur de bout en bout, et que tu pourrais passer tes journées allongé sur ton lit à l'écouter. D'abord simplement, puis en décomposant mentalement chaque couche puis à nouveau simplement mais sous un jour nouveau..

Donc quand son successeur sort, tu te jettes dessus, surtout quand le dit-album précédent date d'il y a 43 ans.

Ça a donc été ma réaction quand je suis tombé sur Breathe Out, Breathe In, le nouvel album des Zombies, et ... comment dire ... Ce n'est pas qu'on puisse vraiment appeler ça un mauvais disque, mais de la part d'un groupe dont le seul véritable album studio à ce jour était un cadeau des cieux, c'est vraiment décevant.
Certes la voix de Colin Bluntstone n'a rien perdu de sa beauté, comme on peut le voir sur le très joli 'Shine On Sunshine', mais le problème c'est que l'on a au mieux de jolies chansons, pas de belles chansons (et je ne parle même pas du pire).

Pourtant, si l'on regarde la chose du point de vue purement technique, on retrouve les mêmes éléments qu'Odessey & Oracle : de jolies voix (encore que Rod Argent ...), des chœurs, de l'orgue ... mais c'est comme si ils les avaient placé de la manière la plus pompeuse et irritante possible.
Et en tout cas il n'y a plus rien de la délicatesse et de la sensibilité d'Odessey & Oracle.

En bref, messieurs Bluntstone et Argent, je vous suis très reconnaissant pour Odessey & Oracle, et pour tout ce que vous avez fait dans les années 60 d'ailleurs, et je trouve ça très bien que vous continuiez à enregistrer de nouvelles chansons, mais la prochaine fois, je vous serais gré de les enregistrer sous le nom "Colin Bluntstone & Rod Argent" ou n'importe quelle dénomination autre que "The Zombies" à votre convenance.
Mais par pitié, je ne veux plus voir le nom The Zombies accolé à un titre comme Another Day.

jeudi 2 juin 2011

Bear Hug





Je pense qu'il est inutile que je te refasse l'éternel paragraphe exprimant tout mon amour pour Animal Collective. Toujours est-il que celui-ci couplé avec l'annonce par Panda Bear de chansons nouvelles et d'un retour à la batterie pour sa part, ainsi que d'un retour de Deakin dans le groupe de manière plus générale, avaient été suffisants pour me faire enchaîner l'aller-retour Montpellier-Paris au Montpellier-Toulouse.

note : dans tout l'article les noms des nouvelles chansons seront les noms provisoires utilisés pour les bootlegs, et plus particulièrement dans celui du concert au Cirque Royal de Bruxelles, parce que c'est la même setlist et parce que les bootlegs de Bruxelles c'est classe (confère le légendaire 23 minutes over Brussels de Suicide). Si tu n'as pas prévu d'aller voir le groupe en concert, je te conseille de l'écouter même si on ressent moins de chose qu'en vrai. Les photos quand à elles sont celles du concert à la Meet Factory de Prague, parce que j'ai pas trouvé de photos qui me plaisaient du concert à Paris.

TP et problèmes avec le métro obligent, je ne verrai pas Emeralds, pourtant très bons a priori. Discodeine, qui jouent ensuite avec Thomas Bloch ne me convaincront pas particulièrement, je ne connaissais bien que leur titre Synchronize avec Jarvis Cocker (toujours lui) et ne trouverais pas grand intérêt à ce concert.

Comme je réitère toujours mes erreurs (voir mes problèmes avec les concerts des Arctic Monkeys), la décision de prendre une bière avant Animal Collective manquera encore une fois de déboucher sur un placement désastreux (en même temps quelle idée de mettre que 3 pompes à bière dans une salle aussi grande).

Du point de vue des lieux, la Grande Halle Charlie Parker est un hangar haut de plafond et assez froid. La seule fois où j'ai fait un concert dans une salle comparable, c'était aux Nefs de Nantes, c'était pour les Dead 60' et surtout c'était gratuit. Il faudra donc s'adapter à cette ambiance et à cette acoustique très moyennes.

Heureusement, les chansons sortent assez peu altérées, et surtout les éléments qui m'avaient fait sortir légèrement déçu du concert à Nantes en 2009 ne sont plus là : la setlist est composée presque exclusivement de nouveaux titres qui ne sont pas dans le direct prolongement de Merriweather Post Pavilion comme on aurait pu le craindre : les Animal Collective ont fait une pause interprétée par certains comme un possible arrêt définitif, mais ils reviennent avec un album qui s'annonce des plus enthousiasmants.

C'est du point de vue de la scène que vient la première surprise de ce concert : ce n'est pas du tout la même que sur la tournée précédente, avec la batterie et les guitares, en faisant abstraction des quelques machines on pourrait croire que l'on s’apprête à voir un groupe de rock très classique.
Et le côté "vrai groupe" ne s’arrête pas là, le retour de Deakin "décoince" réellement le reste du groupe : il est le plus agité sur scène et transmet tant qu'il peut son activité aux autres membres, Geologist en tête.
Pour couronner le tout, Avey Tare nous adressera même la parole autrement que pour nous remercier à la fin du concert.

Et les chansons sont bien entendu la surprise de taille. Le nouvel album s'annonce assez world music, avec des sons et des rythmes toujours plus tribaux. Les 2 premières chansons du concert empêchent tout doute : si Pulse est surtout une entrée en matière que l'on écoute en se demandant 'Mais, Avey Tare s'est laissé pousser les cheveux ? ah mais non, c'est Deakin qui chante', on y entend néanmoins des bruits venus de la jungle. Let Go confirme on ne peut mieux ce sentiment, pour un peu on danserait la samba dessus : l'un des titres les plus entrainants du concert.



Le choix de Did You See The Words pour poursuivre le concert est révélateur : ce nouveau disque pourrait très bien être le successeur de Feels tant à première vue il n'a rien à voir avec les 2 "albums Domino"; logiquement, une partie du public sortira désarçonnée et déçue. Heureux ceux qui ont toujours préféré Brothersport à My Girls donc, non seulement parce qu'elle est la seule chanson qui aurait pu annoncer un tel concert, mais aussi parce qu'après 2 excellents titres dans la veine des 2 premiers, la batterie de Knock You Down/Nightmare Now (que je t'invite à aller voir ici, autant pour la chanson que pour les pas de danse de Deakin), l'une des chanson les plus fascinantes du set, se transforme peu à peu en celle de Brothersport. L'une des rares occasions d'entendre Panda Bear pendant le concert, après Take This Weight/Light Homes, sur laquelle on peut entendre des harmonies avec la voix d'Avey Tare parmi les meilleures que le groupe ait faites : un morceau tellement beau qu'il a failli me faire verser quelques larmes.

On aura ensuite droit à Mercury qui a tout d'un single potentiel, un peu plus synthétique que les chansons précédentes, puis vient Your Choice/Curfew : une délicate montée en puissance très belle aussi, et un Frights/Old Storm, morceau assez court mais dont la batterie sur la fin annonce We Tigers et par la même un gros réveil du public qui a enfin ce qu'il attend, d'autant plus qu'après une transition des plus brutale et désagréable il aura droit à un Summertime Clothes des plus superflus : Avey Tare et Panda Bear ne chantent même pas en phase, sans compter qu'elle ne colle pas du tout avec le reste de la setlist et que de toute façon à part Brother Sport je n'aime pas les chansons de Merriweather Post Pavilion sur scène.
Ce qui est quand même bien, c'est que du coup le public est content et réclame un rappel (avec force 'à poil' que je ne m'explique toujours pas), celui-ci commence avec Pressed Out, qui se distingue pas mal des autres nouveautés par son côté plus clair et posé, presque une comptine, peut-être qu'on la retrouvera plutôt sur l'EP petit frère du prochain album. Enfin, Sermon finit de nous donner l'eau à la bouche en confirmant une dernière fois la nouvelle direction du groupe.

Au final ce concert me laisse à penser que j'écoute beaucoup trop ce groupe, puisque j'ai l'impression que je ressors avec un sentiment différent voir opposé à un certain nombre de personnes, et surtout parce que j'ai reconnu Brother Sport et We Tigers tellement vite que j'en suis effrayé.

Et puis j'ai aussi vu Caribou en concert gratuit le lendemain, mais vu que ça ressemblait pas mal à leur concert à Montpellier je ne m'étendrais pas dessus, surtout que je suis parti juste quand ils commençaient Jamelia : déprimant.


dimanche 29 mai 2011

Son ! It's You !



La vie c'est plutôt cool en ce moment, puisque je me retrouve à écrire ma review du concert de Pulp dans le train pour aller voir Animal Collective.

Pourtant c'était mal parti, j'étais plein de ferveur quand le groupe a annoncé sa reformation, un peu moins quand j'ai vu que dans un premier temps, aucun concert n'était prévu en France (même si depuis il y a les Vieilles Charrues). Tu t'imagines bien que quand en plus j'ai vu que les 15 premiers noms du Primavera (soit à quelques heures de Montpellier) incluaient Animal Collective et Pulp, alors que j'étais dans l'impossibilité totale de m'y rendre, j'étais en train de perdre la foi.

Heureusement le salut est venu de ce concert au Bikini le 25 mai. Un concert qui avait des allures de miracle tant il était improbable.
Tellement improbable que l'hypothèse du poisson d'avril (qui aurait été un blasphème de la part du Bikini) avait été avancée.

Au final le seul poisson, c'est celui qui accompagnait le "BONSOIR TOULOUSE" du panneau lumineux que Jarvis Cocker brandit en entrant sur scène.
Après avoir offert des abricots ça et là dans le public, il attrape le micro et commence son office avec un Do You Remember the First Time ?, qui annonce le chapelet de tubes que va être le concert : la première moitié de la setlist étant composée uniquement de titres de Different Class (album qui sera d'ailleurs joué dans sa quasi-intégralité, ne manqueront que Live Bed Show et Monday Morning) et des passages les plus immédiats de His'n'Hers (Pink Glove et Babies). Une mention spéciale à l'enchaînement Sorted for E's & Wizz et F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E, identique à l'album mais qui s'en plaindra ?


Pulp nous montrent comment avoir la classe ultime même en se plantant sur un morceau (à 30 secondes de vidéo)

Et puis quand bien même les chansons seraient mauvaises, le concert serait de toute façon rattrapé par un Jarvis Cocker habité pendant les chansons et prêcheur génial entre. Tout au long des 2h que durera le concert, il nous gratifiera de son humour diablement efficace. Dès la fin de la première chanson, il parle de la "First Time" du groupe à Toulouse et part à la recherche de quelqu'un qui serait né en février 1995 avant de lui lancer un "Son ! it's YOU ! I came back to see you !". Il fait preuve également d'une aptitude impressionnante à reprendre toutes les situations en sa faveur : que ça soit la déclaration d'amour d'un autre homme ("you might be looking for a long time relationship"), le portable qui fait interférence avec les enceintes (""je peux pas te répondre, je suis au concert de Pulp""), ou encore les odeurs de pétard persistantes en fin de concert.

Et puis quand bien même les chansons seraient mauvaises et Jarvis pas drôle, il serait difficile de dire du mal de quelqu'un qui est capable de courir d'un bout à l'autre d'une scène pendant 2 heures en escaladant retours et enceintes avec des talons de pas loin de 10 centimètres. Encore plus quand ce quelqu'un offre son verre de vin au public tout en insistant pour qu'il soit partagé.



La setlist part ensuite dans le moins évident avec un ô combien attendu This Is Hardcore suivi d'un Sunrise à la fin duquel Jarvis brisera une guitare, on vient malheureusement d'avoir droit aux 2 seules chansons postérieures à Different Class. En cause, la présence de Russell Senior guitariste et violoniste jusqu'en 1997, qui s'absente dès que des titres composés après son départ sont interprétés.

Le concert se termine avec Bar Italia et un Common People extrêmement attendu en forme de faux rappel. Le vrai rappel de 6 chansons (sur une setlist en comptant au total 20) satisfera plus le public en attente de raretés, puisqu'il commence avec un enchaînement O U (Gone gone), Countdown, puis se poursuivra après "une chanson sur les taxis" (Joyriders) par une autre sur les phobies, qui ne sera pas The Fear comme on eut pu l’espérer mais His'n'Hers.
Afin de nous laisser avec encore plus de tubes en tête, le groupe conclut le concert avec une suite divine Acrylic Afternoons, Mis-Shapes.

La conclusion de tout ça, je pense que Jarvis te la donnera mieux que moi en interprétant Dishes : "I'm Not Jesus But I Have The Same Initials".


Bon, et puis comme on est sur I Remember Learning How To Dive et pas sur Vie de Grâce, je te fais une deuxième conclusion avec une photo d'un Cocker dans un Bikini, sauf que j'ai pas trouvé de cocker, donc ça sera ce chien à la place.

mardi 17 mai 2011

Vous les reverrez jamais !


Étant donné le retard que j'ai pris en matière de reviews et mon emploi du temps assez chargé ces temps-ci, j'avais prévu de te faire le coup de l'ellipse narrative au moment de publier un compte-rendu incohérent mais plein d'amour du concert de Pulp.

Mais c'était sans compter sur Wire, qui étaient hier soir au Rockstore. Un concert que je ne pensais pas apprécier autant, et à vrai dire un concert auquel je n'étais vraiment pas certain d'assister puisqu'à 15h le jour même, je n'avais pas encore de billet. Vu mon état de fatigue sur le moment, j'ai un peu regretté l'achat mais au vu du concert, je me dit que c'est si je n'y étais pas allé que j'aurais eu des regrets (enfin non, parce qu'une lecture de review, aussi bien écrite soit-elle ne te fait jamais vraiment regretter d'avoir manqué un concert).

Sieste oblige, je suis arrivé pile pour Wire et n'ai donc pas vu la première partie.

Ce qui frappe tout de suite c'est non seulement que le public est relativement nombreux, mais aussi qu'il n'est pas composé uniquement de quinquagénaires comme on pourrait s'y attendre. En fait, ce concert a un côté réunion de famille, puisqu'on y retrouve tous les descendants qu'a pu engendrer Wire depuis 1977 : tu retrouves donc ton oncle qui était déjà là à l'époque, mais qui depuis a connu une inversion capillaire : son mohawk étant en négatif, son petit frère, qui était trop jeune pour les voir en même temps que lui, mais qui l'a tellement regretté depuis qu'à 40 ans passés, il danse sur chaque chanson comme si sa vie en dépendait (c'est d'ailleurs à lui que l'on doit le titre de cet article), leurs cousins en t-shirts CBGB, leurs neveux art-rockers qui arborent barbes et lunettes et qui sont aussi tes grands cousins, enfin, tes cousins éloignés métalleux et tes cousines amatrices de poppers sont aussi de la partie.
À première vue une fosse très disparate, mais on sent bien qu'au fond on a tous quelque-chose en commun qui fait la beauté d'une famille.

Du point de vue du concert en lui même, on est face à un groupe inexpressif au possible qui se contentera de brefs 'merci' en fin de concert, et début et fin des rappels. Mais en même temps, on sait qui on est venu voir et la qualité du concert n'en pâtit absolument pas.
On décèle une intelligence impressionnante dans les choix d'un groupe qui s'est justement toujours démarqué par celle-ci. Les chansons ont beau être toutes annoncées de la même façon par 4 coups de baguettes, elles parviennent à chaque fois à mêler parfaitement complexité et simplicité, et ce, qu'elles durent moins de 2 minutes ou plus de 5 (bon, j'aurais préféré en voir un peu plus de moins de 2 quand même), et surtout, elles s'agencent à merveille dans une setlist surement mûrement réfléchie aussi, qui trouve l'équilibre parfait entre chansons courtes et longues, dernier album et chansons plus vieilles, les montées et descentes du concert sont maitrisées à merveille.

Et même si il ne le laisse pas transparaitre, le groupe doit quand même être heureux d'être là puisqu'il nous gratifie de 2 rappels pour un concert d'environ 1h30 au total.
Sur le 'Pink Flag' final, Colin Newman nous fait presque croire qu'il veut nous prendre en photo avec son téléphone (le rituel de la photo de famille, très pratiqué dans certains festivals) mais nous rassure assez vite en nous montrant que le groupe est loin d'avoir cessé l’expérimentation, puisque le portable servira juste de source d'ondes électromagnétiques pour torturer ses micros de guitare.

Wire fait donc partie de ces groupes que les années atteignent uniquement physiquement , mais dont la qualité de la musique ne faiblit pas.
Alors écoutes donc mon oncle d'un soir "Vous les reverrez jamais ! Bah oui, après ils vont mourir" et ne les manques pas si l'occasion se présente.

mardi 3 mai 2011

It's Crying Time Again She's Gonna Leave Me



Là où tu te rends compte que ça commence à faire trop longtemps que tu n'as pas écrit, c'est quand en soirée tu te retrouves à dire "ouais, j'écris quelques articles sur internet, ça part un peu dans tous les sens, d'ailleurs le dernier parlait de ... attend voir, bon en fait j'arrive pas à m'en souvenir, mais par contre le prochain parlera d'un concert ... qui a eu lieu il y a un mois ... non mais en temps normal euh ... bon laisse tomber, je vais plutôt reprendre une bière ça vaut mieux".
Le moment est donc venu pour moi de te parler du festival Les Femmes S'en Mêlent qui s'est déroulé le 2 avril au Rockstore. Et derrière ça serait sympa de ne pas rigoler parce qu'on est le 10 mai. À vrai dire si j'ai mis autant de temps à écrire cette review c'est dans un premier temps parce que j'allais peut-être recevoir des photos, qui m'auraient semblé plus parlantes qu'un article dans le cas d'un concert aussi visuel, mais vu que je n'en ai pas eues, je dois en déduire au choix que j'écris vraiment trop mal, que je ne demande pas assez gentiment ou bien qu'elles étaient ratées. Tant pis, je me débrouillerais avec des photos d'autres dates trouvées en grappillant à droite à gauche.

Ce qui est bien avec Les Femmes S'en Mêlent, c'est que tu peux y aller quasiment les yeux fermés. Ce qui est moins bien c'est qu'après une édition 2007 passée par Nantes qui m'avais pas mal donné envie d'y revenir, le festival n'avait pas remis les pieds dans une ville où je me trouvais, jusqu'à cette année. Donc quand j'ai vu que 2 groupes que je ne connaissaient absolument pas passaient au Rockstore et que le concert ne coûtait que 5€ pour les heureux étudiants, il m'a fallu à peine plus d'une écoute sur myspace pour me convaincre d'assister au festival pour la seconde fois de ma vie.

La première fois j'avais trouvé tout de même l'audience quelque peu clairsemée, je considérais que les Slits c'était quand même un groupe un peu culte qui pouvait remplir la salle (surtout que c'était une place achetée une place offerte), et d'ailleurs le fait qu'un an et demi plus tard Ebony Bones joue devant un public 5 fois plus nombreux avait continué à me faire m'interroger, ce jour là j'en avais conclu que c'était peut être bien les Plasticines qui avait fait fuir une partie du public potentiel (enfin, un public dont on peut se passer, parce que des gens qui ne vont pas au concert parce qu'ils ont une dent contre la première partie ça me dérange, cela dit elles n'avaient pas réussi à faire fuir les "gros lourds qui crient 'à poil' dès qu'il y a une fille sur scène", malgré l'assurance certaine avec laquelle elles les envoyaient chier, ce qui est tout de même dommage).
Du coup, 4 ans plus tard, j'arrive au concert de Electrosexual & Ms. Sunday Luv et Tearist et je me dis que le public devrait être là en nombre vu qu'il n'y a aucun "bébé-rocker" pour repousser ceux qui ne savent pas regarder plus loin que le bout de leur nez. Quelle ne fut pas ma stupeur quand je vis le nombre de personne présentes, au plus gros du concert on devait être 15, ce qui est quand même assez triste pour les 2 groupes présents.

On lit donc logiquement un mélange d'étonnement et de déception sur le visage de Ms. Sunday Luv quand elle monte sur scène, d'autant plus que les quelques personnes présentes sont encore assises en retrait, au début on est d'ailleurs que 2 à être debout devant la scène, ce qui aurait de quoi déprimer la plus brave des chanteuses.
Et de bravoure la dame n'en manque pas : c'est une véritable pile électrique blonde avec un gabarit qui pourtant l’empêcherait d'avoir son certificat médical pour pas mal de sports. Le maigre public est trop loin ? Qu'importe, puisqu'elle descend dans la fosse et invite les gens à se rapprocher pour donner un moment assez improbable où elle chante entourée des 13 personnes (j'ai compté) qui composent le public à ce moment là, entre les chansons, elle nous propose sa cigarette avant de remonter sur scène, malheureusement, après quelques répétitions de la descente, la remontée revient de plus en plus difficile, alors quand même la prise d'élan n'est plus suffisante, elle fait le tour et remonte par le côté pour ne plus jamais descendre nous rejoindre.
Sinon musicalement c'est de l'électro-rock très efficace, car malgré l'omniprésence de l'électronique (et le fait qu'Electrosexual reste un peu caché derrière ses machines), la voix et le charisme de Ms. Sunday Luv nous emportent totalement dans le concert. Au cas où le duo projette aussi des films mettant régulièrement en scène Ms. Sunday Luv sur le fond de la scène, mais celle en chair et en os nous captive tellement qu'on n'y prête que rarement attention.

Un groupe à qui il faut donc souhaiter un parcours à la Ebony Bones : un public maigre pour Les Femmes S'en Mèlent, mais une couverture des Inrockuptibles 6 mois plus tard et des salles remplies en tête d'affiche du festival des Inrocks 2012.



Pour que tu te fasses une très vague idée de la chose une vidéo d'un concert, mais là y a des gens donc tu te doutes que c'est pas à Montpellier.

Encore un duo masculin/féminin avec les Tearist, avec une chanteuse dans un style totalement différent, après la petite blonde aux cheveux courts on a droit à la grande brune partiellement cachée derrière ses cheveux, du point de vue du jeu de scène son concert s'apparente un peu à une métamorphose, puisque qu'elle le commence cachée derrière ses cheveux, sa casquette et son imperméable et le termine à la rupture de son Tshirt, entre temps de la folie, autant vocale qu'instrumentale (elle passe de long moments à frotter et entrechoquer deux morceaux de métal, d'ailleurs je ne pensais pas jusque là que l'on pouvait pratiquer cette activité de manière aussi sexy). Cela dit c'est aussi là que l'on peut critiquer le groupe : pour l'instant leur musique s'apparente plus à de la recherche et les idées ont encore besoin d'être organisées parce que là entre les bouts de métal, le ventilateur sur scène et l'eau renversée sur les câbles, c'est carrément le bazar.



Après ça j'ai encore 2 reviews à pondre ainsi qu'un autre article dans les starting-blocks, mais vu que je ne suis pas en excès de temps libre ces derniers temps ça attendra des moments plus calmes.

mardi 19 avril 2011

It's Just A Papercut



Après m'être cassé les dents pour pécho des disques au Record Store Day (ou plus exactement avoir laissé un bout de résine sur un chewing-gum en en revenant, mais ça faisait une bien moins bonne intro), sans même réussir à mettre la main sur Swallowing The Decibels des Yeasayer l'idée m'est venue de faire une sorte de top des 3 premiers mois de 2011, d'une part parce qu'il y a eu nombre de sorties énormes, d'autre part parce que comme d'hab j'ai pas pu parler de la moitié des disques dont j'aurais souhaité te toucher un mot.
Je le ferais sous la forme d'une compilation qui, mauvaise foi oblige se basera aussi bien sur la date de sortie physique du disque que sur celle du leak (et parfois même ni sur l'un ni sur l'autre), en fonction de ce qui m'arrange. De toute façon c'est surtout l'occasion de m'étendre sur certains albums sur lesquels je n'ai jamais écrit de chronique entière.

Je commence avec Erland & Carnival, des anglais dont le premier album fait pas mal penser aux Coral de Nightfreak & The Sons Of Becker, avec des claviers et des guitares qui sont tantôt sombres tantôt barrés, ce 'This Night' met assez bien en valeur la ressemblance.
Ensuite, 'Rolling In The Deep' d'Adele qui est tout simplement la chanson la plus efficace de ce début d'année, et puis, même si il n'est pas encore exclu que je te fasse l'éloge de Tomboy dans un article entier, je te met quand même 'Alsatian Darn', qui était déjà l'un des titres les plus magnifiques des 45 tours qui ont précédé l'album et qui est aussi l'un des (nombreux) grands moments de Tomboy.
Et comme j'aime bien les enchaînements improbables , je t'ai mis à la suite Fergus & Geronimo : des petits cousins des Black Lips, et Lykke Li qui non contente d'avoir sorti un très bon second album, s'était aussi attaquée au 'Will You Still Love Me Tomorrow' des Shirelles, déjà repris par les Zombies, Brian Ferry ou plus récemment Amy Winehouse, c'est dire si la barre était haute, pourtant sa version toute en fragilité ne manque pas de nous toucher elle aussi.



J'avais commencé une chronique de Gimme Some de Peter, Bjorn & John en disant qu'ils étaient un peu l'équivalent de Régis Chen (oui, dans Pokémon le mec où tu pouvais faire n'importe quoi, il était toujours devant toi) pour l'indie rock, en effet, avec des titres comme 'Dig A Little Deeper' ou '(Don't Let Them) Cool Off', ils font respectivement du Vampire Weekend ou du Blood Red Shoes mieux que les intéressés. Le groupe est tellement au sommet du point de vue technique et composition qu'on est incapables de leur reprocher leurs quelques emprunts (la basse de 'Eyes', c'est 'His Latest Flame' d'Elvis et le refrain de 'Down Like Me' c'est 'Into My Arms' de Nick Cave). Ce 'May Seem Macabre' quand à lui se base sur une guitare aux accents Math Rock portée par une section rythmique au top : un des nombreux indispensables de l'album donc.

Après je me suis dit que si je te mettais seulement 9 chansons, il fallait au moins que je t'en mette des longues, rassemblées, les 2 suivantes dépassent donc les 20 minutes : au programme, un groupe portugais dans une tentative réussie de 'Bohemian Rhapsody' Indie (je te promet que ça ne sera pas ce à quoi tu t'attends), et un poignant A 'Knock Upon The Door' interprété par l'excellent Cass McCombs; en tout cas 2 chansons qui même en flirtant avec les 10 minutes nous font nous dire "déjà ?!?" quand elles finissent.

Pour conclure, 'Can't Be Saved', la face B de Slow Slow, premier single des Sound Of Rum, groupe anglais qui joue un Spoken Word/Hip Hop avec des musiciens en chair et en os. Ce qui fait que la guitare contrebalance à merveille le flow de Kate Tempest, 'Slow Slow', dans un style totalement différent vaut aussi le détour, à vrai dire je me suis décidé entre les 2 titres à pile ou face, du coup je te met quand même le clip du perdant.



Et pour écouter tout ça c'est ici.


Irlhtd A Sélectionné Pour Vous (1er Trimestre 2011) by Heard on Mixcloud




Ou alors vu qu'il semblerait que je sois un des seuls à pouvoir l'écouter sur Mixcloud, tu peux essayer la version 8tracks ici.

dimanche 3 avril 2011

I thought so long and suddenly I realised


Aujourd'hui, je pourrais te faire une review du concert Les femmes s'en mêlent d'hier soir, mais en fait j'attends d'avoir peut-être des photos à mettre avec, et puis de toute façon j'avais décidé de changer des concert et de te faire une bonne vieille chronique de disque à base de n'importe-quoi, et ça sera encore plus n'importe quoi cette fois-ci puisque l'intro a été écrite dimanche dernier, le milieu lundi et la fin vendredi soir.

Mais qu'importe, en fait il se trouve que non seulement je voulais changer des reviews, mais aussi que, malgré le fait que j'apprécie pas mal leur dernier album, 28€ pour voir les Dø, je trouvais ça un peu excessif (et accessoirement les 28€ j'ai préféré les mettre dans une place pour aller voir Pulp à Toulouse), résultat, j'étais à 200m du Rockstore à siffler des bières devant du théâtre d'improvisation : bien plus économique.

Et puis en même temps publier une chronique de disque en ce moment c'est assez justifié, puisque ce ne sont pas les nouveautés qui manquent : dans le même temps Panda Bear sort un nouveau single et les Animal Collective une cassette sur laquelle ils ont réalisé une chanson chacun (ils veulent attirer les gens à leur quelques concerts printaniers/estivaux en se faisant passer pour un groupe totalement dispersé après une période sans concerts ni albums qui a rarement été aussi longue, technique Strokes en fait), Deerhoof et Xiu Xiu sortent une collaboration au final pas passionnante, en tout cas beaucoup moins que celle de Battles et Matias Aguayo : une chanson excellente pleine de bruits bizarres (presque trop pleine d'ailleurs, il est difficile de l'écouter sans vérifier qu'on a pas reçu un message ou que personne n'a sonné à ta porte), Chad Vangaalen revient à ses bases bruitistes, ce qui surprendra sûrement ceux qui l'ont découvert avec Soft Airplane, retour aussi à du plus fondamental pour les Raveonettes avec un nouvel album plus proche de l'excellent Pretty In Black que du plutôt moyen In And Out Of Control, enfin, les Art Brut sortent un album moins pop que ses prédécesseurs (si tant est qu'on puisse qualifier comme pop un groupe dont le chanteur ne sait pas chanter) : il surprend pas mal à la première écoute mais s'apprécie aux suivantes, et puis le groupe revient à son obsession de la fin de semaine avec un "Lost Weekend" plus que convaincant.

Au milieu de cette mare de sorties, je vais te parler des Moment Bends, 4ème album des Architecture In Helsinki.
Oui parce que comme ils l'ont encore montré avec leur dernier EP, les Of Montreal s'égarent ces derniers temps dans des expérimentations superflues et sans intérêt, alors qu'ils n'ont jamais eu besoin de se forcer pour faire une musique différente, en témoigne leur featuring totalement décontracté sur l'album de Janelle Monáe.
Là, tu dois être en train de te dire "non mais bordel ! il peut pas se décider à parler d'un truc et s'y tenir ce type ?", et tu as raison, mais le fait est que, 4 ans après leur précédent album, les Architecture In Helsinki sont un peu devenus des Of Montreal à la place des Of Montreal. À l'heure actuelle on pourrait même pousser jusqu'à dire que, même si pour cela ils ont du délaisser l'aspect pop explosive de leur musique, ils font du Of Montreal mieux que les Of Montreal.

Et c'est là que ce disque peut s'avérer assez décevant parce que ce qui était appréciable avec le groupe, c'était leur pop exotique qui les faisaient sonner comme un groupe d'Europe du Nord et justifiait qu'un groupe australien puisse porter un tel nom, mais sur ce disque, il y a à peine quelques passages plus proches des moments les plus mous de Place Like This auxquels on peut se raccrocher, comme l'enchaînement "W.O.W"/"YR To Go"/"Sleep Talkin'". Enfin, même si on peut penser que le groupe n'évolue pas forcément de la manière la plus intéressante, cet album reste bon, rien que pour son final magistral : "Everything Is Blue" est le morceau sur-efficace par excellence (on croirait presque entendre un titre de Mika par moments c'est dire), c'est le genre de chansons qui énerve, parce que quand on l'écoute, on se dit tout le temps "mais oui bien sur, ce plan là, ça ne pouvait que marcher" mais on succombe quand même.
Et puis il y a B4 3D, qui est aussi une merveille à sa façon tant à l'image de son titre, elle sonne vraiment intemporelle : l'intro me fait penser à Rock Bottom de Robert Wyatt, album que j'avoue écouter principalement pour le rire à la fin mais aussi album précurseur, intemporel et toujours d'actualité; et puis là-dessus est posée une voix dont il est difficile de dire à quel point elle a été transformée mais qui ne laisse pas indifférent car elle oblige à prêter sérieusement l'oreille au morceau, même si on avait décidé de le passer juste en musique de fond.

En bref, Moment Bends est un album qui aurait pu sonner comme une tentative de "gâteau 100 fois bon" totalement indigeste, mais qui est littéralement sauvé par son excellent final.